Il n'y a pas de suicides, il n'y a que des meurtres.
Un cri horrible et transperçant se fit entendre, comme une lame s'enfonçant dans le cœur de ceux qui l'entendaient. Une jeune fille ouvrit les yeux brutalement, alertée par ce cri. Elle cherchait d'où il venait, pour être aussi atroce, quand elle réalisait qu'il venait de sa propre gorge. Pourquoi avait-elle crié si fort? Surtout un son aussi... percutant, qui vous fiche la chair de poule si vous ne savez pas qui l'a poussé et d'où ça vient.
Elle se réveilla, comme chaque matin, à la même heure, dans la même salle funeste. Pièce blanche, murs pourrissant pour cause. L'humidité. La même fenêtre grise avec les mêmes barreaux filtrant la même lumière. Elle soupira, toujours la même vision au réveil, ça vous donne le cafard pour l'éternité.
... Comme chaque matin, elle avance vers sa porte, et regarde à travers la petite fenêtre creusée au milieu, avec encore et toujours les mêmes barreaux. Elle regardait les "putes blanches" comme elle les avait surnommées. Blouse blanche, teint rose, avec toujours ce même foutu sourire forcé...
Des poupées qu'on aimerait écraser pour sortir de cette cellule. Toujours les mêmes envies en les voyant servir le déjeuner aux Autres. Oui, les Autres, elle n'était pas seule à être enfermée dans une cage.
Pas le droit de leur parler, de les voir, sauf quand ils passent pour sortir dans le couloir. Elle mettait ses mains à travers les barreaux, appelant une pute blanche qui vint presque tout de suite.
"Oh! Bonjour Chloé. Que veux-tu?"
Toujours la même question débile et inintéressante. Chloé voulu l'étrangler pour savoir si elle se rappelait ce qu'elle demandait tous les maudits matins.
"Mon cahier et mon crayon s'il vous plaît!" grommelait-elle entre les dents, regardant ce sourire qu'elle trouvait toujours aussi mal placé, et pas rassurant, mais surtout pas très sincère.
Vous vous imaginez? Voir les mêmes personnes tous les matins, le même sourire, des espèces de clones... Atrocité! Elle prenait son cahier le glissait entre les barreaux, puis se jeta sur son lit, crayon en main... Voyons où m'étais-je arrêtée... se dit-elle.
«Assise sur ses pieds, la tête tirée vers l'avant, pensant au monde de fous au dehors. Oui. Dehors. Nous, nous sommes normaux. Ils nous enferment, où ils nous laissent croire que nous sommes fous. Complètement tarés. Mais nous sommes normaux! Qui serait assez tordu pour enfermer des gens qui n'ont rien fait? Des fous! C'est eux, les fous. Lui aussi il était fou. Il m'aimait tellement qu'il m'avait enfermée durant jours et nuits me préservant de toutes âmes qui pourraient roder. Elle ne voyait personne, sauf lui. Il me disait cinglée, aliénée. Juste parce qu'elle parlait à Satan, mais elle lui parlait, elle le lui promet. Ce n'était pas de la Folie. Elle l'entendait, se moquer d'elle, lui murmurant tout ce qu'il y avait de mauvais, à travers son subconscient... La Folie derrière les murs... Cette phrase raisonnait pendant des jours dans sa tête. Pendant qu'elle tournait autour de la soit disant maison qu'il lui avait construite. Une saleté de pièce de béton. Deux mètres carrés, il appelle ça une belle maison lui? Elle appelait ça un tombeau. Elle tournait dedans comme un lion en cage, attendant qu'il lui ouvre, qu'il fasse quelque chose. Sa haine montait peu à peu envers lui. À chaque fois la lumière du jour s'infiltrait, il entrait, le sourire aux lèvres, quelques secondes plus tard transformer en un rictus infâme. Il l'attachait, la caressait, la salissait de sa salive, sans prendre compte de ses cris. Il lui disait que personne ne l'entendait, que lui seul pouvait profiter de ses délicieux cris. Et son rire ignoble, elle l'entend encore raisonner dans sa tête, quand il jouissait en elle, quand elle sentait son liquide chaud la remplir, elle soupirait hurlait de désespoir. Chaque semaine, le même soir, cette parade funeste prenait sa place. Quand ce jour là, il m'a ouvert, elle lui sourit, narquoise, caché dans son dos le couteau qu'il avait oublié la dernière fois, quand il lui a tranché ses liens. Il avançait, des cordes à la main, lui disant des mots doux, qu'elle n'écoutait même pas. Curieux de savoir ce qu'elle avait dans son dos, il se pencha vers elle, quand elle sortit l'arme de la libération et de sa perte. Elle l'enfonça dans sa gorge, la tournant lentement, se délectant des moindres bruits, de ses moindres plaintes.»
Chloé entendit quelqu'un frapper, elle poussa un juron, allant voir à sa porte, passant son nez à travers les barreaux, elle vit une infirmière.
"C'est l'heure du déjeuner Chloé, tu étais encore en train d'écrire?" disait-elle avec un large sourire.
Elle grogna.
"Oui j'écris. Donnez-moi mon plateau, je vais me débrouiller."
L'infirmière s'exécuta, toujours avec un sourire de marionnette... Chloé prit son plateau pendant qu'elle ouvrit la porte, et se rassit devant son bureau, abandonnant le plateau repas. Alors, j'en étais à... Ah! Oui! Cet instant là.
Elle enleva le couteau de sa gorge. Elle le poussa en arrière, il tomba sur le dos, se tenant la gorge. Elle trouvait ça amusant de le voir se tortiller comme un ver. Elle s'assit à califourchon sur lui, le regardant avec un sourire macabre, lui, il ne souriait plus, qu'avait-il? Était-il triste parce qu'il n'allait pas tirer son coup aujourd'hui? Elle riait doucement, prenant conscience du couteau enfoncé dans la gorge de son bourreau. Douce sensation de liberté, elle l'aimait, cette sensation que jamais elle n'avait goûté. Elle s'approcha doucement de son cou, le lécha lentement, badigeonnant son cou de sang. Elle commença à le mordiller, puis planta ses dents. Elle adorait la sensation de cette peau déchirée sur sous dents, son sang coulant sur ses lèvres. Elle murmura à son oreille des choses qu'il ne supportait pas... C'est si beau, quand elle introduisit le couteau au fond de sa peau... elle aime tant son doux regard qui plisse...C'est si beau quand elle défonce son ego... Plus elle murmurait, plus il gémissait... elle aimait ça, oh oui! Elle aimait ça! Son corps tout entier s'enflammait. Quelle excitation quand le sang descendait le long de sa peau. Frissons funèbres lui parcouraient, elle adorait cet effet. Elle le déshabilla, coupant ses habits avec son couteau, le coupant quelques fois. Il était enfin déshabillé, il la regarda avec ses yeux mis-clos, le regard vide. Elle lui fit un sourire, puis empoigna son arme, la regardant de long en large, se demandant où elle allait commencer son oeuvre. Son regard se posa sur les parties génitales. Il réagissait, gémissant, en la voyant regarder son sexe. Elle niait, en se disant qu'elle allait lui faire payer l'enfant qu'elle portait à cause de ses petits jeux journaliers. Cet enfant qui pourrit sa chair la rendant chaque jour un peu plus malade. Elle prit sa verge dans sa main, en lui jetant un coup d'œil, elle l'entama, lentement, pour l'entendre gémir le plus possible. Terminant de couper cet organe immonde, elle le jeta loin de sa vue, entre temps, il s'était déjà évanoui... Elle fit une petite moue, regardant sa lame, rouge. Elle décida d'en finir, il ne pouvait plus vivre après ce qu'il lui avait fait. Il l'avait séquestrée, violée, et par-dessus tout, enfantée.Perché mortel. Doucement, pendant des jours, dans "Sa" maison, elle murmurait sa mort, autant que la sienne. Maintenant la sienne est devant ses yeux. Elle planta sa lame dans sa poitrine, puis s'assit à ses côtés, le regardant. Maintenant à cause de ce voisin ignoble, elle est enfermée. Condamnée. Traitée de folle. Elle pense en finir à cet instant, pour dernier mot l'explication de ce mal entendu. C'était lui le fou, pas elle. Mais lui aussi il est enfermé… Six pieds sous terre. Bien fait, il n'avait qu'à pas lui infliger ça. Elle va faire mourir l'enfant de Satan qui évolue en elle, il la tue. Il était Satan, elle l'avait reconnu, le roi de l'Enfer, Lucifer.
Chloé posa son crayon, puis ferma son cahier. Elle se leva, se dirigea vers son plateau repas. En regardant vaguement l'assiette, elle prit la fourchette.
Chloé doit mourir par sa faute, comme il est mort, c'était sa faute... La sienne seulement… se dit-elle.
Elle planta sa fourchette dans son bras, de part en part, souriant à chaque goutte de sang tombée par terre, devenue déferlante. Elle pensa que ça ne suffisait pas, pour mourir... Alors elle prit le couteau et se l'enfonça dans sa gorge, l'empêchant de rire à cette somptueuse douleur.
Elle sait qu'eux, ils diront que c'est abusé, mais... "On ne sait jamais, quand l'envie de mourir vous prend, vous faites tout pour!"
Alors, elle se dirigea, titubant, vers son placard, l'ouvrant lentement. Là, se trouvait sa camisole, qu'on lui mettait au début quand elle était arrivée... Elle la prit, l'entoura autour de son cou... et serra aussi fort qu'elle le put. Le couteau s'enfonça encore plus, elle tomba par terre... Un étrange sourire tatoué sur son visage...
Alors? Croyez-vous vraiment qu'elle était aliénée? Avec ce qu'il lui avait fait vivre, juste parce qu'elle entendait quelque chose dont ils ne croyaient pas.
Si vous la percevez folle, c'est normal, c'est vous qui êtes fous, oui vous. Vous êtes aveugles à tout ce qui vous est hors de portée.
Voyagez un peu. Libérez votre esprit, et envolez-vous vers des horizons inconnus pour vous... Peut-être que vous tomberez dans le piège qui la prise... Elle est devenue différente, donc folle...
Regardez-vous... Et demandez-vous... Êtes-vous fou?
Karole McDowell 2010 - (c) Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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