XXXVII
Deux semaines plus tard, Chung a reçu une citation à comparaître. Lorsqu'il s'est présenté devant le tribunal, il observait les témoins qui témoignaient contre lui. Chung était révolté par la présence de Zi.
Madailéin qui assistait au procès, fixait celle qui autrefois, avait été l'ex-copine de Chung. Elle la trouvait misérable. Il affirmait qu'il était son amant et qu'il s'était vengé en entrant chez elle par infraction et qu'il l'avait violé sous la menace d'une arme. Elle était devenue enceinte suite à ce viol et il l'avait forcée à avorter et il lui aurait fait des menaces de mort.
Madailéin regardait les gens dans la salle de tribunal, elle voyait dans leurs yeux qu'il est forcément coupable puisqu'il est étranger. Les femmes le regardaient avec dédain et leur regard se tournait vers elle, un regard qui voulait dire qu'elle était aussi coupable que lui d'être avec un monstre.
Le juge, ami des parents de la victime, se montrait intraitable. En plus de tout dire ce qu'il avait fait et ce qu'il faisait, Zi s'est présentée devant la cour sous une fausse identité. Elle se faisait appeler Katy Yong.
- Elle raconte n'importe quoi! cria Chung en frappant sur la table à coup de poing.
- Calme-toi Chung, tu vas te mettre dans l'embarras. dit Kido.
- Elle dit n'importe quoi! rétorqua Chung.
- Je sais, mais laisse tomber. répondit Kido.
Le juge donna quelques coups de marteau sur son pupitre.
- Monsieur Chung, vous n'avez pas le droit de parole. Encore une parole comme celle-ci et je vous fais évacuer pour outrage à la cour! Et cela ne sera pas en votre faveur! Maître Kido, je vous conseille de tenir votre client! C’est dans son intérêt!
Madailéin se demandait comment elle pouvait raconter des balivernes et surtout, parler contre une personne qui l'avait aidé considérablement. Elle ne se contentait pas de révéler tout ce qu'elle a vu et entendu, mais elle se permettait de lui faire porter le chapeau pour des actes qu'il n'avait même pas commis.
Lorsque Madailéin sortit du palais de justice, elle fut assaillie par les journalistes qui attendaient à l'extérieur, puisque leurs présences n'avaient pas été autorisées par la cour.
- Avez-vous des commentaires, Madame O'Mahony? demandèrent les journalistes qui se bousculaient.
- Je prends ça avec beaucoup d'amertume! Les témoignages que j'ai entendus dans ce tribunal, ne sont que des inventions! Il n'a absolument rien à voir avec ça!
- Votre mari est le chef de la plus grosse Organisation criminalisée qui a existé depuis plusieurs décennies. Il n'est sûrement pas blanc comme neige! dit d'un ton arrogant un des journalistes.
- Pardon? dit-elle. C'est quoi ces conneries?
- Oh! Je vois que vous ignoriez ce léger détail, dit le journaliste avec un sourire sarcastique.
- Vous inventez n'importe quoi! Et il ne s'est pas présenté sous une fausse identité comme un des témoins que j'aie aperçu durant le procès et qui de plus a juré de dire toute la vérité. Comment un tribunal peut-il accepter ça? Et avoir choisi un juge qui a un rapport avec la victime, c'est grotesque.
- Savez-vous qui est cette personne, Madame O'Mahony? demandèrent les journalistes en se pressant l'un contre l'autre.
- Faites votre travail, ce n'est pas le mien. dit-elle froidement.
Madailéin descendit les marches du Palais de justice en se faisant suivre par les journalistes, qui auraient voulu en savoir plus. Elle tenta de s'asseoir dans sa voiture avec peine et misère.
- Mlle O'Mahony? demanda l'homme.
Madailéin se retourna brusquement.
- Oui c'est moi... dit-elle étonnée de voir cet homme venir vers elle.
Un homme dans la cinquantaine, grand, cheveux noirs et yeux bruns à l'allure autoritaire présenta son insigne.
- Inspecteur Brolin, j'aurais quelques question à vous poser... dit-il. Ce n'est pas plaisant tous ces journalistes, dit-il.
- Non, pas vraiment.
L'inspecteur demanda aux journalistes de s'éloigner et de laisser Madailéin en paix.
- C'est mieux comme ça, dit-il. Dites-moi, vous êtes parent avec Mellan O'Mahony?
- Oui, c'est mon grand-père. dit Madailéin.
- Donc, vous faites partie du Clan O'Mahony?
- Oui, si c'est à son sujet, il est décédé, il y a cinq ans. dit Madailéin.
- Oui, je sais. J'ai beaucoup lu à son sujet et sur votre oncle Roban O'Mahony.
- Roban O'Mahony était mon arrière-grand-père, pas mon oncle, dit Madailéin.
- Ah! Les gens écrivent tant de choses.
- Hum! C'est à propos de ma famille que vous vouliez me poser de questions?
- Non, dit-il.
- À propos de quoi? demanda-t-elle.
Brolin sortit la photo de Porky prise sur la scène du crime.
- Est-ce que ce visage vous dit quelque chose? demanda-t-il.
- Si on peut appeler ça un visage, dit-elle. Mais oui, je connais cet homme, mais de vue seulement. Qu'est-ce qui se passe? répondit Madailéin.
- Il a été sauvagement assassiné, il y a deux semaines, nous enquêtons... dit Brolin. Et nous pensons que votre conjoint est peut-être mêlé à cette histoire, ou il pourrait être au courant.
- Mon conjoint était à l'hôpital, il y a deux semaines, vous pouvez vous renseigner. dit Madailéin.
- Vraiment désolé de l'apprendre, et de quoi souffrait-il? demanda l'inspecteur froidement.
- Il a été agressé en sortant d'un bar. dit Madailéin.
- Ah bon! Et vous savez qui aurait pu faire cela?
- Vous le savez déjà, alors pourquoi me poser la question? dit-elle.
- Vous pouvez me dire ce que vous savez, si vous l'avez vu avec quelqu'un ou autre. Euh! Vous saviez que Katy Yong était la conjointe de Wayne Chester? demanda Brolin.
- Je ne connais pas ce Wayne Chester, dit-elle.
- Wayne Chester est celui sur la photo, celui qui se faisait appeler Porky.
- Je ne savais pas. dit-elle.
- Dernière question, vous connaissez Katy Yong? dit Brolin.
- Son vrai nom est Zi, pas Katy Yong. dit-elle. C'est l'ex-copine de mon conjoint. Elle s'est présentée en cour sous une fausse identité, comment un tribunal peut-il accepter cela?
Brolin eût un choc, il essaya de dissimuler sa gêne, Madailéin s'en aperçut.
- Qu'est-ce qui vous arrive? Vous êtes tout pâle... demanda Madailéin. Vous vous sentez bien?
- Oui, ça va.
Il s'interrompit et leva les yeux au ciel.
- Je n'ai plus d'autres questions.
Il sortit une carte et lui présenta.
- Je vous laisse ma carte, si vous avez d'autres détails.
Madailéin ouvrit la portière de sa voiture. L'inspecteur fit quelques pas et se retourna brusquement.
- Mademoiselle O'Mahony! dit-il.
- Oui! dit Madailéin en soupirant.
Elle sentit que l'inspecteur était inconfortable. Il leva les yeux vers elle.
- Si cela ne vous dérange pas, j'aimerais bien qu'un jour, nous discutions du Clan O'Mahony, j'ai beaucoup lu sur le sujet, mais je crois que certains écrits ont été faussés.
- Vous n'avez qu'à venir à la maison, vous devez sûrement savoir où nous habitons, dit-elle sans émotion.
- Bien, j'aurais plus pensé en discuter devant un café, dit-il.
"Je rêve ou il est en train de m'inviter? Ou à moins que ce soit une tactique pour me faire parler!" se dit-elle.
- C'est une possibilité, dit Madailéin.
- Merci, si je passe dans le coin, j'arrêterai et nous pourrons en discuter. dit-il avec un malaise.
- Oui, je suis certaine que nous allons nous revoir, dit Madailéin avec un sourire.
- C'est une certitude, dit l'inspecteur en marchant vers sa voiture.
Elle s'assit derrière le volant, et elle éclata de rire et démarra enfin la voiture. Elle avait hâte de retourner chez elle.
Chung sortit du palais de justice en se faisant poursuivre par les journalistes à son tour. Kido dut intervenir en créant un chemin à son client jusqu'à sa voiture.
- Maître Kido! Donnez-nous des détails sur le déroulement du procès! demanda un journaliste.
- Je ne peux pas me prononcer pour le moment. Lorsqu'une décision aura été prise par le tribunal, je vous ferai part de mes commentaires. répondit Kido en essayant de se tailler une place pour se rendre à sa voiture.
- Est-ce que Monsieur Chung est coupable ou innocent? répliqua un autre journaliste.
- Je n'ai aucun éclaircissement pour le moment. Je viens de vous dire d'attendre la fin du procès. dit Kido d'un ton sévère.
Il se rendit à sa voiture et ils quittèrent le palais de justice.
Lorsque Chung et Kido arrivèrent devant la maison, Madailéin les attendaient impatiente. Kido lui que ce qu'elle avait fait en parlant aux journalistes, pourrait aider Chung, mais aussi pourrait mettre sa propre vie en péril.
- Je n'ai rien à me reprocher, je vais le refaire, si cela se représente! dit Madailéin.
- Je sais, mais je crains, qu'on veule te faire du tort! dit Chung.
- J'ai dit que je recommencerai! rajouta Madailéin.
- Tu devrais écouter Chung, il a raison. dit Kido.
- Pourquoi?
- Arrête de riposter! Écoute-le! répliqua Kido.
- Tu n'as pas à me parler sur ce ton! cria Madailéin.
- Tu devrais nous écouter Maddie! dit Chung.
- Le verdict sera prononcé dans une semaine, dit Kido. Madailéin, si tu es incapable de te contrôler, il serait préférable que tu ne viennes pas.
- Je crois qu'il a raison Maddie. dit Chung.
- As-tu un souci réel pour m’appeler par ce surnom que je déteste? questionna-t-elle furieuse.
- Oui et bien plus grave que les tiens alors c’est bon, tu peux partir, lui remballa Kido sur un ton sec.
Elle le regarda alors de haut en bas, assis là, le regard vide de sens. Elle tourna les talons.
- Madailéin! dit Chung.
Il alla à sa rencontre. L’instant d’une seconde, toute la sincérité passa dans les yeux l’un de l’autre.
- Excuse-moi. Mais c'est mieux comme ça, j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose, tu comprends? dit Chung.
Décidée à ne pas faire de scène, Madailéin ravala sa colère. Elle tourna les talons et sortit et se rendit sur la terrasse, non sans avoir claqué la porte... bruyamment.
- Elle a un sacré caractère, dit Kido.
- Tu as été désagréable avec elle, dit Chung.
- J’ai toujours été désagréable lorsque je parle. Mais lorsqu’il s’agissait d’elle, je me sens obligé d'être encore plus exécrable. Pourquoi elle, Chung? Il y a de très belles femmes chinoises, et surtout qui ne discutent pas quand on (...)
- Kido, tu vas trop loin, ferme-là. C'est elle et pas une autre. Aucune femme ne pourra la remplacer, tu ferais mieux de te faire à cette idée.
- Tu l'aimes à ce point! dit Kido en haussant les épaules.
- C'est la femme de ma vie et je l ai su des le premier regard que j'ai posé sur elle.
- Mon pauvre Chung, vivre dans ce pays t'a congelé le cerveau!
Chung ne répondit pas.
Kido éclatait d'un rire sonore en lui tapant brutalement l'épaule.
- C'est un démon, elle t'a envoûté. dit Kido.
- Ouais... Je lui ai demandé de m'épouser?
- Tu es fou!
- Oui, fou d'elle. Elle me fait perdre la tête. Je n'aurais pas pu rêver mieux.
- Elle a un caractère de merde.
Il sortit la bague pour lui montrer.
- Je n'ai pas envie de reculer. Je n'ai pas peur, car je sais qu'elle est celle qu'il me faut, celle avec qui je vieillirai!
- Tu es vraiment atteint!
- Tu n'es pas obligé d'être d'accord et je ne te forcerai pas à venir à notre mariage. dit Chung.
- Avec l'expression que tu as sur le visage, il n'y a pas grand chose que je puisse dire qui pourrait te faire changer d'idée. Si tu l'aimes vraiment, alors fonce et ne regarde pas en arrière, je suis avec toi. dit Kido.
Chung se tourna vers Kido l'air surpris.
- Ne me regardes pas comme ça, dit Kido. Petit frère, quand on aime on fonce! Tu sais mieux que quiconque que la vie est trop courte, ne perd pas de temps.
- Alors tu as changé d'idée? dit Chung
- Tu es mon meilleur ami, le frère que je n'ai jamais eu. Tu as le droit d'être heureux, toi aussi. dit Kido en haussant les épaules. Ce sera sûrement dur, mais je finirai par m'en remettre.
- Merci Kido.
- Enfin têtus comme vous êtes, c'est peine perdue de s'obstiner. dit Kido.
- Ouais.
Kido se leva.
- Bravo, Chung! dit Kido en lui donnant une grande tape dans le dos.
à suivre...
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Karole McDowell 2011 - (c) La reproduction est interdite sans l'autorisation
de l'auteure.
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