L' "autre" cérémonie
Maintenant que Chuichi avait retrouvé Mairenn, il était impératif qu'ils se marient au plus vite. L' "autre" mariage ainsi prononcé, personne ne pourrait le contester.
Pourquoi tant de précipitation? Tout d'abord, parce que de nombreux combats attendraient certainement son preux chevalier.
Kido avait toute autorité en la matière. S’il ne s'acquittait pas fidèlement de ses fonctions, il pouvait être déchu de son poste et mourir subitement. Et il faudrait alors lui trouver un successeur.
- Mairenn, dit Kido. Ce n'est pas gentil d'avoir menti à ton père!
- Oui, je sais, mais il ne fallait pas qu'il sache que je savais, dit-elle. Il est assez énervé comme ça! ajouta-t-elle.
- Utiliser le prétexte d'un mariage japonais, c'était pas très convaincant. dit Kido.
- Pour lui oui... dit Mairenn.
- Ton père sait que ta mère sait? demanda Kido.
- Non, et c'est bien comme ça. répondit-elle.
- Bon, c'est assez, il faut procéder, dit Chuichi, froidement.
- Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour célébrer le mariage de Mairenn et Chuichi. commença Kido. Le mariage n'est pas seulement une cérémonie. C'est la preuve de la confiance entre deux êtres qui est le fondement même de l'amour. C'est un effort de volonté pour oublier et s'affranchir des peurs du passé. C'est un serment qui lie deux âmes qui fut à tout jamais liées. Cela risque de créer des défis à venir.- Kido, nous savons déjà tout ça, dit Chuichi.
- C’est pour mettre du piquant. Nous ne sommes que trois, si tu vois ce que je veux dire, dit-il. Je suis sûr que cela va plaire à vos pantins, ajouta-t-il.
- Continue, Kido, dit Mairenn.
- Le mariage n'est pas seulement une cérémonie, reprit Kido. C’est une promesse qui vient récompenser le courage de ceux qui ont attendu seuls le véritable amour pendant des années, des siècles pour ce cas-ci. Le plus important ce n'est pas cette cérémonie, elle ne sert qu'à montrer aux yeux du monde des sentiments déjà existants et des promesses déjà scellées au plus profond du cœur des mariés. termina le Kido. Myckaël, Mairenn, s'il vous plaît.
- Ma bien-aimée. Tes joues sont toujours aussi belles.
- Si tu manques d'inspiration Chuichi, je peux t'aider, dit Kido.
- Tais-toi! dit Chuichi.
- Que me baise des baisers de ta bouche! Ton amour et ton parfum sont exquis. Ne prenez pas garde à mon passé. Ce sont les gens qui l'ont brûlé. Les faux se sont tournés contre moi, Ils m'ont mise au placard.
- Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle!
- Que tu es beau, mon bien-aimé. Notre lit n'est que verdure. Ainsi mon bien-aimé parmi les hommes. À ses pieds, je suis tombée. La lumière qu'il lance sur moi, c'est l'amour. Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m'étreint. J'entends mon bien-aimé. Voici qu'il arrive, rampant sous le sable, attendant le bon moment pour attaquer. Mon bien-aimé est semblable à un serpent. Voilà qu'il se tient derrière ce mur. Il guette, il épie.
- Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, vient. Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, vient! Ma amour caché, montre-leur ton visage, fais-leur entendre ta voix, car ta voix est douce, et charmant est ton visage.
- Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. J'ai cherché celui que mon cœur aime. Je l'ai enfin trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi, et je ne le lâcherai point.
- Voici dans cette vie, la litière du diable. Des groupes de gens l’entourent, tous fiers d’être des combatants. Craignant les révélations de la nuit. ILS se sont fabriqués des pantins en bois, leurs fidèles les aident à ramasser des colonnes d'argent, le baldaquin d'or, le siège de pourpre. Venez contempler la belle, traitres, avec le diadème dont votre chef l'a couronné, au jour de ses épousailles, ajouta Kido.
- Beau discours, dit Mairenn.
- Merci, répondit Kido. Ça vient du cœur.
- On peut continuer? demande Chuichi. Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle! Tes cheveux couleur de flammes ondulant sur les pentes des montagnes. Tes lèvres, un fil d'écarlate, et tes discours sont ravissants. Ton cou est suspendu, tous tes boucliers, des chevaliers.
- Je dors, mais mon cœur veille. J'entends mon bien-aimé qui frappe.
- Ouvre-moi, car ma tête est couverte d’épines, de gouttes rouges de la nuit. J'ai ôté mon linceul, le remettrais-je? Tu as lavé mes pieds, pourquoi les salirais-je?
- Mon bien-aimé a passé la main par la fente, et pour lui mes entrailles ont frémiront. J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais il avait disparu! Sa mort m'a fait rendre l'âme. Je l'ai cherché, mais ne l'ai point trouvé, je l'ai appelé, mais il n'a pas répondu! Les gardes m'ont rencontré, ceux qui font la ronde. Ils m'ont frappé, ils m'ont blessé, ils m'ont enlevé mon nom, ceux qui gardent les forteresses. Je vous en conjure, le tribunal m’a demandé, que déclarerez-vous? Je suis malade d'amour. Mon bien-aimé se reconnaît entre dix mille. Sa tête est d'un or pur. Ses discours sont la suavité même, et tout en lui n'est que charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux.
Kido les regarda, et il eut un baillement.
- C'est long, dit-il.
- Mon bien-aimé s'est fait dévorer par son propre troupeau dans la grande cour, et les autres par leur obligeance l’ont protégé. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi!
- Unique est ma princesse. Les hommes l'ont vue et glorifiée. Qui est celle-ci qui surgit comme l'aurore, redoutable comme des bataillons? Je suis maintenant redescendu, mon désir m'a déjà fait goûté le bois et fait couler mon sang. De mon sang, coulèrent amour et trahison. Du sang que tu as versé pour moi, j’ai demeuré, et de nouveau je demeurerai. Pourquoi l’avez-vous cachée? Jamais plus, cela va arriver. Vous avez assez dansé sur votre musique remplie de fausses notes.
- Mon bien-aimé, je pourrai enfin t'embrasser, sans que les gens me méprisent. Ta main gauche est sous ma tête, et ta droite m'étreint.
- Sous cet arbre je t'ai réveillée, là même où elle fut conçue, là où sera conçut à nouveau, celle que tu enfanteras. Dépose notre sceau sur ton cœur, comme ce sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la mort, la passion inflexible. Ses traits sont des traits de feu. Les grandes eaux ne pourront éteindre cet amour, ni les fleuves le submerger. Ni les grandes robes, jamais plus, ne pourront l’effacer. Il faut oser vivre et aimer pour devenir Disciple, de qui ou de quoi d'autre si ce n'est de la Vie en sa Source, selon Nature!
Mairenn savait que Chuichi l'aimait, que ce soit bien clair. Ils se regardèrent dans les yeux encore quelques secondes puis se tournèrent vers Kido.
- Chuichi Tatsuya, voulez-vous prendre Mairenn O'Mahony pour épouse, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort vous sépare... encore une fois? dit Kido en soupirant.
- Je le veux. répondit Chuichi en fixant Kido, d’un regard austère.
- Mairenn O'Mahony, voulez-vous prendre Chuichi Tatsuya pour époux, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort vous sépare… encore une fois?
- Je le veux. dit-elle en souriant.
- Bon, faites ce que vous voulez, je m’assoie, j’ai mal aux jambes. dit Kido en se laissant tomber.
- Tu n’aurais pas oublié quelque chose par hasard? dit Mairenn.
- Ah oui… Je vous déclare… mari et femme, dit-il en se levant brusquement et en se rassoyant aussitôt. Chuichi, embrasse la mariée! Et laissez-moi tranquille, j’ai faim… je vous laisse.
- T’es vraiment nul comme pasteur, dit Chuichi.
- Je sais, j’ai faim.
Chuichi prit le visage de Mairenn dans ses mains et approcha sa bouche de la sienne. Ils se sourirent un instant, tout près l'un de l'autre, puis goûtèrent leurs lèvres, enfin.
À sentir Mairenn contre lui, Chuichi avait la sensation d'avoir du feu sur les joues, tant l'instant l'avait intérieurement chamboulé. Le baiser et le réunion, avait eu l'effet d'une bombe sur lui. Il n'avait soudain qu'un désir, prolonger ce moment, le plus longtemps possible.
Il ne la quittait pas des yeux, son coeur battait à tout rompre, et son visage témoignait de l'effet que le geste lui avait fait. Il la contemplait, elle était belle. Il avala difficilement sa salive. Elle le trouvait beau, mais lui, était sidéré par la force qui émanait d'elle. Impétueuse, elle aurait pu vaincre la pluie sans problème. Si belle!
Quelques mots qui attisèrent un peu plus le déluge émotionnel dans lequel Chuichi se trouvait. Il ne pourrait pas résister longtemps à cette envie soudaine mais violente et difficilement repoussable, de laisser place après le langage des mots, au langage des corps.
Mairenn s’était toujours étonnée de le voir si timide avec ces choses là. Ne dit-on pas que les hommes sont plus bavards sur le sujet et plus aventureux? Et bien Chuichi fait partit des exceptions masculines.
Tous deux frissonnèrent à ce contact charnel. Chuichi, n'étant pas décidé à rompre ce moment magique, passa une de ses mains sur la nuque de Mairenn pour approfondir le baiser. Chuichi se sentit progressivement se fondre en elle. Leur corps n'existaient plus et leurs âmes étaient liées. Ils ne formaient plus qu'un.
À ce moment précis, ce qui devait se produire, se produisit.
Dans un pale rayon de soleil, filtré par les grand nuages immaculés de blanc, assis au milieu d'une ancienne pièce. Regardant leurs vies défiler sous leurs yeux. Le regard vide. Ils rêvaient éveillés. Une lumière se créa. Ils n'étaient plus eux, mais eux d'une autre époque.
Leurs corps se transformèrent. Une barque flottait. On identifie Chuichi qui se distingue des autres par sa grande taille. Il était accompagné de sa belle. Autour d'eux, des papyrus et des manuscrits hauts comme des hommes les masquaient aux regards indiscrets. La jeune femme était vêtue d'une robe blanche légère. Il la prit dans ses bras. Ils s'abandonnèrent à une étreinte si précieuse, car rare. Laissant sa tête reposer sur le torse de son bien-aimé, elle soupira.
Mairenn logea sa tête au creux de son cou, laissant le silence les relaxer. Ils se regardèrent un moment et s’embrassèrent. Ce baiser fut différent des autres, comme s’ils scellaient un pacte. Celui de s’aimer, de se protéger dans n’importe quelles circonstances.
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P.S. : Voilà le deuxième du troisième... un extrait de mon roman à venir... Ce mariage contient 10 pages, mais j'ai fait un résumé. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture... :-D
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Karole McDowell 2011 - (c) Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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