dimanche, janvier 02, 2011

Affliction fr.



Affliction


Au ciel tout est bonheur, en enfer tout est châtiment ; le monde est voisin à l'un et à l'autre.



J'accomplis depuis quelques années déjà, un métier que j'admire énormément. Je fais visiter divers endroits imaginaires à mes lecteurs. Leur démontrant la beauté des mots, des histoires magnifiques. Cette histoire que vous aimerez ou du moins je le souhaite, calmera votre soif de péripéties…

***

Une guide dont la renommée n'est plus à faire, fut choisie, pour faire visiter les divers lieux de la Beauce*. Cette année ce fût des touristes américains et étant donné que ce trajet serait long et rocailleux, elle décida de faire voyager son groupe à dos de cheval. Ils en furent ravis, malgré que la plupart n'en ait jamais monté un. Ils quittèrent le bungalow et amorcèrent l'aventure, commençant par la forêt de pins. Sur un coup de tête, elle prit un sentier que, jamais auparavant, elle n'avait emprunté.

Ils aboutissent dans une prairie, comme toutes les autres qu'elle fait visiter à chaque année. Et elle leur fait poursuivre la visite. Mais elle se rencontre qu'ils descendent et arrivent dans une vallée. Une vallée aux herbes hautes, courbés par le vent, et envahit de gros rochers, trônant comme seul maître dans cette vallée inexplorée.

Voilà où elle en est maintenant, dans cette splendide vallée dérobée aux regards humains. elle continue donc à travers le buisson sans trop savoir où ils vont vraiment. Elle distingue un sentier qui lui semblait encore plus amusant. Enfin! Un peu de changement ne peut faire de mal à personne, se dit-elle. Elle pénètre alors ce sentier, suivit de son petit groupe qui a l'air de se réjouir des chemins diversifiés qu'elle choisit.

Au bout d'un moment, elle remarque que plus ils avancent, plus l'air lui semble lourd. Et, à voir les visages, elle n'est pas la seule à ressentir ce malaise. Elle s'arrête brutalement et fixe carrément le sol. Tous furent surpris par sa réaction. Ils n'aperçoivent pas ce qu'elle voit étendu devant eux, et cela la surprend. À quelques pas seulement, gît une carcasse de ce qui lui semble être un orignal. Ne voient-ils pas cette carcasse entrouverte d'où se déverse de gros et visqueux asticots d'un brun suspect? se dit-elle. Sans parler de l'arôme putride et écœurant qui s'en dégage.

Pendant qu'elle est incapable de détacher ses yeux du cadavre, un cheval effrayé s'emballe et fonce vers l'avant avec son cavalier. Elle regarde alors celui-ci disparaître pendant que ceux derrière s'éclipsent en toute hâte devant tant d'horreur, la laissant seule. Elle tente alors elle aussi, de revenir en arrière le plus vite possible, mais son cheval, figé refuse nettement de bouger. Prit de sautillement, elle n'arrive plus à le contrôler, elle descend alors de celui-ci sans plus attendre. Hennissant à s'en arracher le poitrail, écumant bave et sang d'une rage bestiale, il s'effondra dans une mare de sang.

Elle est effrayé et, ne sachant plus quoi faire, elle se met à courir. Elle court et jusqu'au moment où elle discerne clairement au loin des pleurs. Des sanglots ressemblant à ceux d'un enfant. Elle se rapproche des sanglots et distingue la silhouette de jumeaux. Elle franchit les quelques enjambées qui les séparent, ils ne doivent pas avoir plus de sept ans, et elle discerne leurs visages légèrement mutilés. Elle a l'impression de se voir, toute petite, avec les traits tirés et un regard aussi sombre que la nuit. Ils la pointent du doigt et s'enfuient dans le sentier.

Elle se fendit les poumons à vouloir les rejoindre, elle ne peut les laisser seuls dans cette forêt. Elle court très vite et elle arrive de peine et de misère à les suivre. Plus elle court, plus elle aperçoit une étrange masse devant elle. Un bloc géant qui se découpe sur un décor de soleil couchant pour enfin ressembler à ce qui doit être, une tour. Elle voit les jumeaux pénétrer dans la tour et s'y précipite à son tour. N'ayant pas fait trois pas, qu'elle tombe et ensuite glisse sur qui semblait être une trappe. Elle continue à glisser sans arrêt, dans une noirceur enveloppante tout en entendant les sanglots des jumeaux qui se faisaient de plus en plus puissants. Elle se sent sombrer, lourd et …

Elle reprend conscience dans une petite cellule déserte. Légèrement éclaircie, elle ignore par quoi, mais assez pour distinguer vaguement un spectre se diriger vers elle. Elle est paralysée à la vue de celui-ci. Les jumeaux, à ses côtés, la pointant d'un doigt accusateur, leurs yeux noirs et en larmes plongés dans le sien, la bouche béante, d'où s'échappait auparavant des pleurs mensongers, reste maintenant grande ouverte, ne laissant s'échapper qu'un cri imperceptible et sans fin de pure démence. Les ténèbres l'engloutirent au moment où les jumeaux sortirent de leurs gueules un petit cheval putréfié... et elle s'est réveillée...

Ne me demandez pas pourquoi, je suis insomniaque, la raison est fort simple.


Karole McDowell 2005-2011 - (c) Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.


*Beauce : La Beauce, en Chaudière-Appalaches, située à 20 kilomètres au sud de Québec, longe la rivière Chaudière et s’étend vers le sud-est pour embrasser les frontières du Maine.

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