Il était une fois...
Ma maison n'est pas une maison… Elle n'est que de verre et de pierre. Celles des autres ont une fenêtre, une porte, un toit la mienne n'est rien de comparable… Pourtant on me dit que c'est la plus jolie du comté… Pour moi ce n'est qu'une chose où tout se brise et se casse.
Je suis une fillette de 8 ans, je suis la meilleure de ma classe. Je suis rousse, maigre et marquée. Mes amies me demandent pourquoi je travaille tant et pourquoi je reste si longtemps à l'école. Je ne les comprends pas, ma maison c'est l'école. J'y ai des personnes qui m'aiment, je suis félicitée et appréciée. Rien de tout ça existe à la maison.
Dès que je rentre chez moi, tout ce que je ressens c'est de la peur et de la haine. Ma mère est là, à m'attendre dans ce hall d'entrée où sur le flan droit se trouve accroché au mur une ceinture en cuir. Sa boucle en fer scintillait, je pouvais sentir l'odeur du cuir de là où je me tenais, cette odeur sentait la douleur, la peine… elle m'avait aidée à grandir bien trop vite.
Lorsque mon père rentre du travail, je prends pour chambre un placard à balai noir, il m'avait sauvé bien des fois. Pourtant aujourd'hui il ne m'aida pas… Il est entré en furie comme à son habitude, après une rude journée de travail. «Ancien officier devenu politicien était son travail de tous les jours, et il était mon père aussi. Seulement l'un d'entre eux lui échappait toujours… ce fléau militaire était son ombre… » Il hurlait et s'en prenait à ma mère, un bisou de bienvenue. J'attendais qu'il arrêtait de l'embrasser durement.
Tout à coup, un silence… un silence odieusement lourd. Ses pas, lentement montant l'escalier, les grincements insupportables du bois se pliant sous son poids. Le vent soufflait contre le verre gelé par l'hiver, ce sifflement plus le grincement ne faisaient qu'augmenter ma peur. Je voulais mettre mes mains sur mes oreilles quand les bruits cessèrent… Il était là… Derrière la porte…
" Mon Dieu faites qu'il passe, faites qu'il passe et m'oublie…" pensa-t-elle, mais ce ne fut pas le cas.
"Rose, ma jolie Rose… Ouvre cette porte vient dire bonsoir à papa!"
Je ne pouvais pas répondre ma voix était coincée au fin fond de mon cœur. Des larmes ne ruissèlent pas sur mon visage d'enfant, j'en suis incapable, la vie ne me le permet pas. Une faible lumière s'infiltra par la porte entrouverte montrant mes yeux ouverts qui laissa voir que je ne suis plus une enfant…
"Réponds Rose…"
Sa voix commençait déjà à monter et pourtant je me forçais à me lever, résignée à écouter mon père, aussi mauvais qu'il était, c'était mon père et je me devais de croire en lui… Je poussais la petite porte et passais la tête et la moitié de mon corps hors du placard.
"Bonsoir pa…"
Un coup de poing en plein ventre, mon bisou à moi, mon bonsoir habituel. Des étoiles plein les yeux, je regardais mon père du parquet.
"Pourquoi as-tu mis autant de temps à te manifester? J'attends un peu plus de respect (le respect, quel mot médiocre) de ta part! Je te nourris et te loge! Ne me regarde pas comme ça!"
Un coup de pied vînt me couper le souffle, un craquement intérieur, mon cœur venait à nouveau de se briser? Mon genou droit n'en était plus un… demain il faudra que je dise à la maîtresse que je suis tombée dans l'escalier. Malencontreusement vrai puisqu'il me poussa. Mon nez se brisa dans ma chute le sang sur mon visage me servait à présent de maquillage, je suis devenu un clown.
"Putain d'enfant de merde! Aucune gratitude! T'es comme ta mère, bonne à rien!"
Fou de rage, mon nez brisé pourrait lui porter préjudice. Mon père prenait soin de nous frapper là où on ne pouvait pas voir nos blessures. Quel homme intelligent mon papa…
Il continua de me frapper, me balancer de droite à gauche, jusqu'à, jusqu'à… jusqu'à ce que je ne ressente plus rien, terminé, plus aucune douleur n'est ressenti par ce petit corps. Plus aucune émotion n'émane de moi. Un vide totale je passais dorénavant au-delà de la douleur. Je n'entendais plus ses hurlements stridents… Je ne bougeai plus sous ses martèlements.
Ce soir là je suis morte. Mon père m'avait brisé. Je ne suis plus en enfer. L'indifférence est devenu pour moi, un vrai bonheur.
«L'enfance c'est de supposer qu'avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la brutalité de la terre est disparue.»
Karole McDowell 1982-2011 - © Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteur
Je suis une fillette de 8 ans, je suis la meilleure de ma classe. Je suis rousse, maigre et marquée. Mes amies me demandent pourquoi je travaille tant et pourquoi je reste si longtemps à l'école. Je ne les comprends pas, ma maison c'est l'école. J'y ai des personnes qui m'aiment, je suis félicitée et appréciée. Rien de tout ça existe à la maison.
Dès que je rentre chez moi, tout ce que je ressens c'est de la peur et de la haine. Ma mère est là, à m'attendre dans ce hall d'entrée où sur le flan droit se trouve accroché au mur une ceinture en cuir. Sa boucle en fer scintillait, je pouvais sentir l'odeur du cuir de là où je me tenais, cette odeur sentait la douleur, la peine… elle m'avait aidée à grandir bien trop vite.
Lorsque mon père rentre du travail, je prends pour chambre un placard à balai noir, il m'avait sauvé bien des fois. Pourtant aujourd'hui il ne m'aida pas… Il est entré en furie comme à son habitude, après une rude journée de travail. «Ancien officier devenu politicien était son travail de tous les jours, et il était mon père aussi. Seulement l'un d'entre eux lui échappait toujours… ce fléau militaire était son ombre… » Il hurlait et s'en prenait à ma mère, un bisou de bienvenue. J'attendais qu'il arrêtait de l'embrasser durement.
Tout à coup, un silence… un silence odieusement lourd. Ses pas, lentement montant l'escalier, les grincements insupportables du bois se pliant sous son poids. Le vent soufflait contre le verre gelé par l'hiver, ce sifflement plus le grincement ne faisaient qu'augmenter ma peur. Je voulais mettre mes mains sur mes oreilles quand les bruits cessèrent… Il était là… Derrière la porte…
" Mon Dieu faites qu'il passe, faites qu'il passe et m'oublie…" pensa-t-elle, mais ce ne fut pas le cas.
"Rose, ma jolie Rose… Ouvre cette porte vient dire bonsoir à papa!"
Je ne pouvais pas répondre ma voix était coincée au fin fond de mon cœur. Des larmes ne ruissèlent pas sur mon visage d'enfant, j'en suis incapable, la vie ne me le permet pas. Une faible lumière s'infiltra par la porte entrouverte montrant mes yeux ouverts qui laissa voir que je ne suis plus une enfant…
"Réponds Rose…"
Sa voix commençait déjà à monter et pourtant je me forçais à me lever, résignée à écouter mon père, aussi mauvais qu'il était, c'était mon père et je me devais de croire en lui… Je poussais la petite porte et passais la tête et la moitié de mon corps hors du placard.
"Bonsoir pa…"
Un coup de poing en plein ventre, mon bisou à moi, mon bonsoir habituel. Des étoiles plein les yeux, je regardais mon père du parquet.
"Pourquoi as-tu mis autant de temps à te manifester? J'attends un peu plus de respect (le respect, quel mot médiocre) de ta part! Je te nourris et te loge! Ne me regarde pas comme ça!"
Un coup de pied vînt me couper le souffle, un craquement intérieur, mon cœur venait à nouveau de se briser? Mon genou droit n'en était plus un… demain il faudra que je dise à la maîtresse que je suis tombée dans l'escalier. Malencontreusement vrai puisqu'il me poussa. Mon nez se brisa dans ma chute le sang sur mon visage me servait à présent de maquillage, je suis devenu un clown.
"Putain d'enfant de merde! Aucune gratitude! T'es comme ta mère, bonne à rien!"
Fou de rage, mon nez brisé pourrait lui porter préjudice. Mon père prenait soin de nous frapper là où on ne pouvait pas voir nos blessures. Quel homme intelligent mon papa…
Il continua de me frapper, me balancer de droite à gauche, jusqu'à, jusqu'à… jusqu'à ce que je ne ressente plus rien, terminé, plus aucune douleur n'est ressenti par ce petit corps. Plus aucune émotion n'émane de moi. Un vide totale je passais dorénavant au-delà de la douleur. Je n'entendais plus ses hurlements stridents… Je ne bougeai plus sous ses martèlements.
Ce soir là je suis morte. Mon père m'avait brisé. Je ne suis plus en enfer. L'indifférence est devenu pour moi, un vrai bonheur.
«L'enfance c'est de supposer qu'avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la brutalité de la terre est disparue.»
Karole McDowell 1982-2011 - © Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteur
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Écrivez un commentaire