*AMOUR ÉTERNEL*
- XIV -
Madailéin se promenait dans la maison. Elle posa la main droite sur son ventre qui commençait doucement à s'arrondir. Elle s'arrêta devant le grand miroir de leur chambre. Elle regarda par dessus son épaule, le sourire aux lèvres : Chung dormait encore.
Elle avait encore du mal à réaliser qu'elle attendait un enfant. Chung qui avait fait d'elle une femme comblée et heureuse. Madailéin était quelqu'un qui croyait que la vision des gens pouvaient changer, et la vie l'avait récompensée.
Que penseront les familles? Être aux anges lorsque l'on apprend qu'une femme est enceinte ne signifiait pas forcément qu'elles le seraient une fois que le bébé sera là.
C'est alors que Madailéin sentit les bras de Chung entourer sa taille, un sourire se dessina aussitôt sur ses lèvres.
Elle se retourna doucement dans ses bras pour lui faire face et le regarder pendant quelques instants, cet océan noir qu'étaient ces yeux.
Souriant doucement, elle se pencha et posa un baiser sur les lèvres de Chung.
- Dis-moi, tu n'essaierais pas de me voler mon rôle? lui demanda-t-il doucement.
Madailéin le regarda avec des yeux interrogateurs.
- Je ne comprends pas! fit-elle en passa les bras autour de son cou.
- Et bien, il me semble que c'est moi qui devrait faire cela, pas toi.
Madailéin sentit une vague d'émotions la submerger. Elle se colla encore plus à lui et l'embrassa comme si c'était la dernière fois. Chung répondit au baiser avec la même intensité.
- J'aime bien, mais si tu m'embrasses encore comme ça, je ne sais pas combien de temps je vais tenir le coup avant de perdre conscience. » lui dit-il en souriant.
- Oups, désolée, lui sourit-elle.
Madailéin n'arriva pas à relever les yeux pour le regarder, car elle doutait une nouvelle fois. Elle ne le voulait pas, mais c'était comme si un démon la forçait à douter.
- Madailéin, regarde-moi… lui ordonna Chung fermement.
Madailéin leva lentement les yeux.
- Madailéin... tu le sais?
- Oui.
- Ça ne changera pas. Si quelque chose devait t'arriver, je deviendrais fou, je tuerai sans pitié.
Madailéin posa doucement son index sur les lèvres de son amour.
***
Chung devait s'absenter pour la journée. Il l'embrassa et il quitta.
Elle se prépara pour sortir à son tour, lorsqu'on frappa à la porte. Croyant que cela pouvait être le frère de Chung, car il devait passer, elle ouvrit.
Sami se tenait sur le seuil de la porte. Elle lui dit que Chung n'était pas là et qu'il sera là en fin de journée. Et elle lui dit qu'il pourrait repasser à ce moment.
Il bloqua la porte avec son pied lorsque Madailéin tenta de la fermer. Il lui dit qu'il pouvait très bien l'attendre, qu'elle n'avait qu'à faire comme s'il n'était pas là. Elle lui dit que cela ne serait pas convenable qu'un homme reste chez elle, pendant que son amoureux n'était pas là. Mais il insista en lui disant que Chung ne serait pas offusqué par ce léger détail.
Madailéin le laissa entrer malgré elle. Au début, il lui parla gentiment. Il lui fit un résumé de sa journée et parlait de tout et de rien. Madailéin se tenait dans la cuisine et s'affairait à ranger. Il arriva derrière elle et lui mit la main sur l'épaule. Elle sursauta et lui enleva la main brusquement. Il se sentit repousser, ce qui lui déplu.
Il la poussa contre le mur et tenta de prendre ce qu'elle refusait de lui donner. Elle se débattait, elle le frappait, mais il la frappa si fort qu'elle tomba sur le plancher, presque assommée. Elle pensait à Chung de toutes ses forces, tentant de communiquer avec lui d'une quelconque manière. Peut-être pourrait-il ressentir qu'elle était en danger.
Sami ne voulait pas en rester là. Il la leva et tenta de l'embrasser de force. Elle lui mordit la lèvre jusqu'au sang. Elle tenta de fuir, mais il l'attrapa par le bras.
- Je suis enceinte... arrête, cria-t-elle.
Cet aveu semblait avoir amplifié la rage de Sami.
Il la frappa si fort qu'elle perdit conscience. Il la prit dans ses bras et l'installa dans le salon. Il profita de son état d'inconscience pour descendre au sous-sol et saisir un marteau et des clous de 8 pouces que Chung conservait pour de futures réparations. Il remonta au premier étage. Elle se réveilla et il lui ordonna de monter sur la table du salon qu'il avait approché du mur. Elle avait tellement peur qu'elle s'exécuta. Il prit le marteau, un clou et colla la main droite de Madailéin sur le mur. Il lui enfonça un premier clou avec brutalité. Elle hurlait, la douleur fut tellement forte, qu'elle perdit conscience à nouveau. Il continua d'enfoncer le clou et fit la même chose avec sa main gauche.
- Tu es enceinte? Voyons de quel sexe est ce bébé! dit-il avec un sourire.
Il se rendit à la cuisine et saisit un grand couteau, le plus acéré. Il la transperça d'un coup de couteau, puis un autre et un autre. Madailéin rendit l'âme sous la torture. Il extirpa le foetus et l'accrocha au cou de Madailéin à l'aide du cordon ombilical.
- Dommage, un bébé mâle! Pauvre Chung, plus de femme, plus de bébé! dit-il avec un sourire macabre. Si cette pute avait été moins coincée, on n'en serait pas là! cria-t-il.
- Dommage, un bébé mâle! Pauvre Chung, plus de femme, plus de bébé! dit-il avec un sourire macabre. Si cette pute avait été moins coincée, on n'en serait pas là! cria-t-il.
Il s'éloigna de la scène, il admira son crime, comme un sculpteur admire sa sculpture. Il effaça toutes les traces de son crime, de sa visite et il quitta.
Vers 15h30, Chung revint à la maison. Il chercha Madailéin, mais il ne la trouvait pas. Il se rendit dans le salon et fit la macabre découverte. Sa femme clouée au mur, le ventre ouvert et le bébé pendant par le cordon ombilical noué autour du cou de Madailéin. Son regard fut attiré par un objet qu'il avait reconnu. L'épinglette de forme étoilé de Sami.
Il tourna son regard vers sa femme et son bébé. Il s'approcha, le coeur déchiré. Il tenta de la décrocher, mais cela fut impossible. Ses mains se déchira lorsque Chung tenta de la décrocher du mur. Il regarda ses mains tachées du sang de sa femme. Il aurait pu appeler les autorités, mais sa rage était telle, qu'il n'aurait pas supporter de se faire dire d'attendre une enquête ou de ne pas se faire justice. Il optera pour la deuxième solution.
Chung avait disparu, laissant place à un guerrier sanguinaire avec une seule idée en tête, venger la mort de sa bien-aimée et de son bébé.
ll bondit à l’extérieur dans un gémissement qui reflétait parfaitement sa douleur et sa rage. Malgré la douleur et son état de rage, il redoubla d’effort pour accélérer sa course et s’engouffra dans des ruelles très serrées. Prenant tous les virages qu’il pouvait le plus rapidement possible, il courut dans un véritable labyrinthe, toujours plus vite, poussée par son envie de se venger.
Il aura ce qu'il mérite. Il se rendit dans un petit bar, où parfois, il jouait une partie de billard avec Sami. Il essaya de se calmer. Il ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur. Sami était là.
- Hey Chung! Te voilà, on se fait une petite partie? dit-il avait un grand sourire aux lèvres.
- Ouais, je veux bien.
Chung remarqua que Sami avait des blessures sur son bras, qui semblaient avoir été faites par des ongles. Il le regarda et sa rage amplifia.
- Dis-donc Sami, tu as rencontré un adversaire coriace, tu as quoi à ton bras?
- Ah! Ne m'en parle pas, j'ai rencontré une fille et elle faisait sa vierge offensée quand j'ai voulu l'embrasser. Elle m'a griffé cette salope. Et toi Chung? J'espère que ta journée a été mieux que la mienne!
Chung le regarda, il dirigea son regard vers Sami, comme au ralenti. Il le regarda, tentant de se calmer du mieux qu'il pouvait.
- Alors Chung ta journée?
- Ça va. Dis-donc Sami, cette partie de billard, ne me dit rien, si on allait ailleurs? On pourrait aller sur la grève, j'ai besoin de souffler un peu. J'ai eu une rude journée.
- Ok! répondit Sami, sans discuter.
Ils se rendirent sur le bord de la grève. Sami ouvrit une bière et la tendit à Chung et il s'en ouvrit une à son tour.
- Je me demandais, commença Chung. L'autre jour, je regardais un documentaire sur les meurtriers. Je me demande ce qu'un criminel peut ressentir lorsqu'il commet un crime.
Chung avait la voix rauque, une lueur de haine dans les yeux.
Sami resta figé, le regard vide et incertain.
Chung bondit sur lui. Sami fut plaqué au sol en poussant un cri étouffé. Quelque chose venait de pénétrer son corps dans une éruption de sang. Chung lui enfonça un couteau profondément.
Sami hurla en tentant de fuir vers la direction opposée, mais en vain. Chung le saisie par le bras, brutalement, il le poignarda en plein ventre. Sami se figea, sentant la douleur remonter le long de son corps avec une sensation des plus désastreuses. Chung le lâcha et il s’effondra à genoux. Tremblant de tous ses membres, il dégoulinait de sang. Il se tenait le ventre, sentant son sang et ses boyaux couler entre ses doigts. Péniblement, il leva les yeux vers Chung qui l’observait de toute sa hauteur. Il paraissait un géant s’apprêtant à piétiné un insecte. Il était terrorisé par Chung qui ne semblait plus humain, non, il n'était plus humain.
- Pitié! bafouilla-t-il, je t'en supplie ne me tue pas.
Chung leva son couteau qui s’illumina sous les rayons lunaires avant de s’acharner sur le corps de Sami. Lourdement, le corps mutilé de Sami tomba en arrière, les yeux grands ouverts. Chung sourit en observant le cadavre de celui qui jadis, avait été son meilleur ami.
Il se laissa tomber sur le sol et pleura. Ses lamentations et son cri étaient aussi puissants que la douleur qu'il ressentait.
****
Chung se réveilla en sursaut. Couvert de sueur glaciale, il mit un temps à se rendre compte de la réalité. Il était dans sa chambre et seul.
"Un cauchemar?" déduit-il. "Ce n’était qu’un rêve?"
- Madailéin? cria Chung.
Le silence qui régnait dans la pièce ne le rassurait pas.
- Madailéin? cria Chung
On frappa à la porte. Trois petits coups.
Madailéin pénétra dans la chambre.
- Bonjour mon amour, bon sens, tu es malade, pourquoi es-tu en sueur comme ça?
- Pourquoi tu n'as pas répondu de suite? demanda-t-il.
- Parce que je discutais avec Sami... dit-elle.
Chung recula brutalement. Ses yeux noirs profonds emplis de haine en disaient long sur son état mental, perdu et haineux. Madailéin se figea, ne comprenant pas ses agissements.
- Sami voulait te voir, tu veux que je lui dise de revenir plus tard?
- Non, je crois que je préfère y aller. Dis-lui de me donner 15 minutes et reviens dans la chambre.
- Ah bon! Ok!
Elle n'eut le temps de se rendre au salon que Sami apparu sur le seuil de la porte.
- Chung, merde tu fais une de ces têtes! dit Sami.
- Sami, si tu oses toucher à Madailéin ou de tenter de rester seule avec elle sans que je sois dans les parages, je te tue sans hésiter, répliqua Chung. Je te poignarde jusqu'à ce que tu en crèves.
Sami eut un air surpris, il ne comprenait pas.
- Mais qu'est-ce qu'il a ce matin? demanda Sami.
- Je ne sais pas, répondit Madailéin, il s'est réveillé comme ça.
- Merde! Tu lui fais un drôle d'effet! C'est pas de l'amour ça, c'est de la folie pure. Je t'aime bien Madailéin, mais si un jour l'idée te prend de me présenter une tes cousines ou ta soeur, oublie moi tu veux! Je n'ai pas envie de sombrer dans la folie.
Madailéin ne put retenir un rire expressif.
- Ça suffit, Sami va attendre dans le salon. Madailéin, tu fermes la porte derrière toi.
- Chung! Mais qu'est-ce que tu as? Ce n'est pas la première fois que tu fais des cauchemars qui te mettent dans cet état. Tu es certain que tu vas bien?
- Oui, Madailéin. Toi aussi, tu en feras... dit-il en souriant.
- Et pourquoi? Je ne fais pas de cauchemar, ou du moins je ne m'en rappelle pas, dit-elle en haussant les épaules.
- Ça viendra, ça viendra. dit-il en soupirant. Tu as passé la nuit ici? demanda-t-il.
- Non, j'ai dormi chez moi, c'est ça qu'on s'était dit, non? répondit-elle. Tu sais, à cause de la dernière fois, tu as dit que c'était mieux ainsi, tu avais moins de tentation.
- Je sais, ce que j'ai dit, dit-il en se laissant tomber sur le dos.
Il la fit valser sur lui et la serra très fort.
- Chung! T'attend qu'il neige? cria Sami toujours au salon.
- J'arrive, cria Chung presque exaspéré.
Dire qu'a peine une demi heure avant, il était tourmenté par un cauchemar. Elle ne put s'empêcher de l'observer et de le trouver beau. Personne ne pouvait dire le contraire, il était beau, pour elle il était le plus beau, mais elle ne lui dira jamais de peur que cette magnifique tête qu'est la sienne ne prenne du volume sous son égo qui grossirait.
Chung tourna vivement la tête vers Madailéin et captura ses lèvres. Aucun des deux ne bougeait, n'ayant plus conscience de rien, si ce n'est que c'était le moment le plus doux de leurs existences respectives. Chung posa sa main sur sa joue et commença lentement mais surement a mouvoir ses lèvres sur celles de Madailéin. Il lui envoya tout l'amour qu'il ressentait dans ce baiser, auquel elle répondit.
- Hey, je ne veux pas vous interrompre mais je suis là à attendre comme un con! cria Sami.
- Mais qu'est-ce qu'il peut être chiant parfois, murmura Chung.
- J'ai entendu, cria Sami.
- Fais-toi passer pour le frère de quelqu'un et tente de séparer deux personnes à nouveau! Si tu as de la chance, peut-être que tu réussiras cette fois! cria Madailéin.
- Argh! fit Sami.
Chung la regarda avec un petit sourire en coin, il aimait cette arrogance qu'elle manifestait à l'occasion. Elle était... comme lui. Son double, c'est l'impression qu'il avait, elle était... son double. Il la comtempla quelques secondes avant de l'embrasser de nouveau.
- Vous pourriez pas faire ça plus tard? Je suis là moi!
- Sami, tu ne pourrais pas la fermer un instant? cria Chung.
- Me la fermer, oui je suis là à attendre, maugréa Sami.
Chapitre XV Afficher
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Karole McDowell 2011 - (c) Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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