XXIII
Deux semaines plus tard, Madailéin devait sortir pour la journée. Chung voyant sa femme habillée comme pour un rendez-vous galant, se posait de sérieuses questions.
¾ Où vas-tu? demanda Chung.
¾ J'ai promis à Saraid que j'irais la voir aujourd'hui, elle a trouvé un emploi et elle m'a demandé de prendre le déjeuner avec elle.
¾ Pourquoi ne puis-je pas y aller?
¾ Tu vas t'ennuyer! Tu sais, les conversations entre elle et moi, tu les fuis. Elle m'a demandé d'y aller seule, elle voulait me parler et je crois que ça avait l'air sérieux.
¾ Mori lui a fait quelque chose?
¾ Non!
¾ Cela m’aurait surpris de lui.
¾ Ne t'inquiète pas! À moins que tu sois jaloux de Saraid! dit elle en riant
¾ Je ne suis pas atteint à ce point là.
Il l'enlaça et sentit qu'elle ne voulut pas s'attarder. Il trouva son attitude inhabituelle.
Vers la fin de la journée. Madailéin n'était pas encore revenue, et il commençait à s'inquiéter. Il téléphona sur le cellulaire de Saraid.
¾ Bonjour, Saraid! Madailéin est encore avec toi?
¾ Madailéin! Je suis au boulot! répondit Saraid d'un air surpris.
¾ Elle devait prendre le déjeuner avec toi!
¾ Quand ça? Aujourd'hui? Mais... C'est parce que Mori et moi avons acheté la maison finalement, et je voulais lui en parler, nous avions prévu cela pour la semaine prochaine, pas aujourd'hui! Je ne lui aurais pas dit de venir sans toi. Dorane était supposée venir, mais son fils lui prend beaucoup de temps, alors elle ne viendra pas.
¾ Peu importe si Dorane puisse venir ou pas. Je ne la connais pas de toute façon.
¾ Madailéin va peut-être venir à la fin de la journée! Elle voulait possiblement me faire une surprise.
¾ Ou peut-être bien autre chose !
¾ Ah bon! Comme quoi?
¾ Non, rien.
¾ Si je crois avoir deviner à quoi tu penses, Madailéin n'est pas comme ça. dit-elle froidement.
¾ Je sais.
¾ Chung, excuse-moi! Je ne sais pas où elle est!
¾ Je suis désolé de t'avoir dérangé.
Il resta assis sur le canapé. Elle ne lui joue pas dans le dos, c'est impossible, elle l'aime trop pour ça. C'est un peu prétentieux de penser de cette façon, toutefois, il connaît les sentiments qu'elle a pour lui.
¾ Avec qui est-elle? Je vais le massacrer! cria Chung. Elle a peut-être eu un accident! Elle a peut-être été retardée!
Il donna un coup de poing sur la table du salon.
Il n'ouvrait jamais les tiroirs de Madailéin, mais c'était nécessaire. Il regarda dans le premier tiroir et il y trouva des préservatifs. Chung n'utilise pas de condoms, avec Madailéin, il n’en avait pas besoin.
"Pourquoi a-t-elle des condoms? C'est une question imbécile! " se dit Chung.
Il donna un autre coup de poing dans le mur de la chambre et passa au travers.
Il sortit de ses pensées, lorsqu'on sonna à la porte. Un livreur de fleurs apporta une douzaine de roses pour Madailéin. Il referma la porte brusquement, sans même laisser un maigre pourboire.
¾ Radin, cria le livreur derrière la porte.
Il lut le petit carton qui accompagne le bouquet.
¾ Je t'aime ma chérie. Je nous ai préparé une belle nuit d'amour rien que pour toi et moi. J'espère que ton colocataire ne verra pas ce mot! 20h00 Chez Mao. Ne sois pas en retard! À bientôt, Zen. lut Chung à haute voix. Zen? C'est qui ça?
¾ Un rendez-vous dans mon restaurant en plus! Son colocataire? Pourquoi pas son jardinier quant à y être?! Elle me remplace par une putain de fleur bleue! À vingt heures! Je vais y aller, on va bien rigoler. Je dois aller voir Saraid! elle préfère que j'y aille seule! Mon cul! cria Chung.
Il se promenait de long en large dans le salon. Il regardait le bouquet de fleurs en maugréant. Il jeta les roses à la poubelle et se prépara pour y aller.
2
Vers 19h30, il entra dans le restaurant et vit Madailéin assise dans le fond du restaurant. Il n'a même pas remarqué que le restaurant était désert.
"Faut avoir du cran!" se dit Chung.
Il ne pouvait pas soupçonner qu'elle en avait un autre que lui. Il s'arrêta pour la regarder. Il était déboussolé. Il poursuivit son chemin d'un pas déterminé.
¾ Qu'est-ce que tu fais là? dit Chung sur un ton autoritaire.
¾ Bonjour, Chung! Contente que tu sois là! dit-elle
¾ Arrête de te foutre de ma gueule!
¾ Pourquoi es-tu aussi énervé?
¾ Où est-il?
¾ De qui parles-tu?
¾ Où est-il? cria Chung.
¾ Je ne vois pas du tout de qui tu parles!
¾ Est-ce qu'il en vaut la peine?!
¾ Oui, tu ne peux pas savoir à quel point!
¾ Tu lui as dit que j'étais ton colocataire! cria Chung.
¾ Arrête de t'énerver comme ça, tu vas faire de la haute pression! Assis-toi et calmes-toi!
¾ Je n'ai pas envie de m'asseoir, ni de me calmer! C'est qui ce Zen?
¾ Non, Zen c'est l'attitude que tu dois adopter, surtout en ce moment. Et Chung est son nom. Je ne sais pas, j'aime bien ce nom!
Il souleva la table et la lança dans le coin du mur.
Madailéin le regarda. Elle n'était pas surprise, mais très surprise. Mais, elle n'était pas inquiétée.
¾ Tu vas arrêter de me raconter des salades! cria Chung.
¾ Tu les as reçus! Le mot était beau, mais j'ai eu de la misère à l'écrire, ce n'est pas habituel de s'envoyer des fleurs! Ce n’était peut-être pas une bonne idée, à bien y penser!
¾ Arrête! cria-t-il.
Les serveurs du restaurant les regardaient se quereller.
¾ Quoi! Vous pouvez rentrer chez vous, on n'ouvre pas ce soir! dit Chung en colère.
¾ Calmes-toi Chung! dit Madailéin.
Madailéin se retint pour ne pas rire.
¾ Ce n'est pas le moment de me faire des leçons de morale! cria Chung.
Un serveur qui arriva sur le moment.
¾ Désolée Chung, mais le restaurant n'ouvre pas ce soir, c'est lundi! Mais Madailéin voulait (...)
¾ Qu'est-ce que tu me chantes là! cria Chung.
¾ Le restaurant n'ouvre pas le lundi, chéri. dit Madailéin, avec une petite voix.
¾ Qu'est-ce que tu fais là toi, si le restaurant n'est pas ouvert! dit Chung au serveur. C'est lui?! Tu me trompes avec le serveur! cria Chung.
¾ Chung, arrête tes stupidités. Tu es tellement énervé que tu n'arrives même pas à avoir les idées claires. dit Madailéin.
Le serveur regarda Madailéin en haussant les épaules.
¾ C'est votre premier anniversaire, aujourd'hui! dit le serveur en s'éloignant de Chung.
¾ Quoi! dit Chung en se tournant brusquement. Qu'est-ce que ça veut dire?
¾ Ça veut dire, que cela fait un an que tu m'as renversée avec ta voiture! dit Madailéin. Disons que ce n'est pas à tous les jours qu'on tombe amoureuse de l'homme qui nous envoie à l'hôpital. Ce n'est pas un anniversaire bidon comme les autres! ajouta Madailéin.
Chung regarda le serveur et Madailéin. Il était complètement perdu.
¾ Vous pouvez quitter, dit Chung au serveur.
¾ Oui, Monsieur!
Madailéin fit un petit clin d'oeil au serveur qui se préparait à quitter.
¾ Qu'est-ce que tu as fait des fleurs? demanda Madailéin.
¾ Euh!... Elles n'existent plus.
¾ Je m'en doutais.
¾ Ne recommence pas un truc pareil. J'étais prêt à tuer ce fumier!
¾ ...
¾ J'ai défoncé le mur de la chambre
¾ Ah bon! C’est vrai?!
¾ Bien oui! J'ai appelé Saraid!
¾ Tu l'as appelé! Je n'avais pas pensé à ça.
¾ Oui, j'étais inquiet, il commençait à se faire tard, et je n'avais pas de nouvelles de toi.
Chung prit la main de Madailéin et l'approcha de sa bouche en la regardant droit dans les yeux.
¾ Ne me refais plus jamais ça. dit Chung. Tu n'es pas ici depuis ce matin!
¾ Non! J'ai fait quelques achats! Je suis allée à la bibliothèque. Tu croyais vraiment que je te trompais?
¾ Non, mais... avec les fleurs, Saraid... Alors... j'ai pensé que... Je crois que je deviens jaloux.
¾ Tu deviens jaloux? C'était quoi avant, une pratique? Tu as toujours été jaloux comme un tigre!
¾ Pas autant que ça. Mais je ne veux pas te perdre. Je ferai tout pour te garder.
¾ Vraiment tout?!
¾ Ah! Ne recommence pas à me mettre au pied du mur.
¾ Tu serais prêt à faire quoi?
¾ Tout ce qui me serait possible de faire.
¾ Hum ! C'est très intéressant! Chung je t'aime, quoi qu'il arrive! Malgré que j'aime bien Jackie Chan, j'aime ses fesses, sa manière de marcher...
¾ Ok, ça va! dit Chung brusquement.
¾ Ah oui! Ses joues... j'aimerais bien en mordre une! continua Madailéin.
¾ Tu as fini?! cria Chung.
¾ Je ne vois pas pourquoi tu t'énerves, puisque je ne le rencontrerai jamais. Hum!… Jamais! C’est triste, plus pour lui que pour moi!
Chung roula les yeux et soupira en secouant la tête. Mais il ne put s’empêcher de sourire.
¾ Arrête bébé! Ne me refais plus jamais une folie comme celle-là!
Il lui prit la main en la déshabillant du regard, un regard élégant, raffiné et charmeur.
Elle l'aime sans condition, peu importe ce qu'il fait. Elle a risqué sa vie pour lui. Qui pourrait oublier une chose pareille.
¾ Mais dis-moi, bébé! Pourquoi tu portes cet imperméable? Tu dois avoir chaud, on meurt de chaleur ici! demanda Chung.
¾ Ah oui! Tu as raison.
Elle se leva, ouvrit son manteau et le laissa tomber. Cela faisait deux semaines, qu'il ne lui avait pas touché. Un genre de pacte. Un pacte qui commençait vraiment à l'énerver, surtout qu'elle refusait de lui dire pourquoi.
Elle était moulé dans une combinaison en latex noir brillant, avec décolleté plongeant. Elle avait complété par des chaussures à talons hauts.
Il ne bougeait pas, il la regardait, et n'avait aucune réaction. Il n'avait pris aucun alcool, mais il donnait l'impression d'être en état d’ébriété.
Elle s'approcha de lui et mis son pied sur la chaise entre les jambes de Chung. Il ne pouvait pas, ne pas voir l'ouverture entre ses jambes.
¾ Ah putain!... dit-il. Tu veux ma mort?!
À suivre…
Karole McDowell 2011 - (c) La reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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