mardi, avril 05, 2011

Amour éternel, l'amour authentique... Chapitre III (corrigé)



L'amour authentique

III

Le lendemain, Chung était à nouveau devant chez Madailéin, quand elle voulait prendre un peu l’air.

¾   Salut! Qu’est-ce que tu fais là?
¾   Moi aussi, je suis content de te voir! dit-il en soupirant.
¾   Je suis surprise, je voulais marcher, sortir de chez moi et faire bouger ma cheville!
¾   Je croyais que tu ne pouvais pas faire de sport!
¾   Oui, malgré cela je dois aller voir ce qui se passe dehors, pour ne pas oublier à quoi ressemble mon quartier!

Soudain, une fille qui travaille avec elle au bureau de poste s’est matérialisée à côté d’elle.

¾   Dis Madailéin, avec les autres, on va au cinéma demain. On se demandait si tu voulais venir. Peut-être avec ton ami! a-t-elle ajouté en adressant un sourire éblouissant à Chung.
¾   Non.
¾   Pourquoi?
¾   Eh bien! Excuse-moi, mais les pouffiasses dans ton genre qui deviennent amie avec les gens juste pour agripper des gars, ça me donne des boutons et j’ai envie de les frapper. Alors fais-moi plaisir, et barre-toi!
¾   Ce n’est pas nécessaire de le prendre comme ça! On voulait juste faire un effort, c’est tout.
¾   Pourquoi, je vous fais pitié? Casse-toi!

Elle a essayé de soutenir son regard pendant quelques secondes, mais elle renonça et elle est repartie la tête basse, avec un charmant teint approchant la pivoine.

¾   Je ne te chercherai pas, c’est promis. Mais tu devrais être plus sympathique, même si son intention était mauvaise. dit Chung avec un léger sourire.
¾   C’est bon, arrête de te foutre de ma gueule. Tu voudras bien venir au ciné avec moi, demain? J’aimerais bien aller voir « The Faculty » à quinze heures.

Elle avait un sourire angélique sur le visage.

¾   Pas de problème, je passe te prendre vers quatorze heures.
¾   Ah! Voilà ma mère. J’y vais. À demain!

Une fois arrivée près de chez elle, sa mère se tourna vers Madailéin.

¾   C’était qui le charmant jeune homme avec qui tu étais?
¾   Chung, un ami.
¾   Eh bien! Il est raffiné, pour changer. 
¾   Maman, je ne suis pas avec mes amis parce qu’ils sont charmants, mais parce qu’ils sont intéressants!
¾   C'est tout de même étonnant qu'un japonais réussisse à te supporter, eux qui semblent tellement aimer la tranquillité.
¾   Il est chinois, Maman, pas japonais. chi-nois.
¾   Alors pourquoi es-tu avec... Chung? 
¾   Maman... je ne suis pas avec lui! lui répondit Madailéin en insistant bien sur le "avec". C’est un copain, ce qui signifie que nos preuves d'amitié ne dépassent pas le stade de la bise pour se dire bonjour. Ensuite, c’est le gars qui m’a heurté. Et oui, il m’arrive de rencontrer des gens passionnants et charmants. Heureusement! Maintenant, t’es gentille et tu me laisses tranquille, à vingt-huit ans, j’aimerais bien avoir ma vie et pouvoir faire trois pas dehors sans subir un interrogatoire.

Lorsque Jim, son supérieur au bureau de poste, l’a vue avec ses béquilles, il s’est écrié.

¾   Ah non, Madailéin! Qu’est-ce qui t’arrive? J’ai su que tu ne pouvais pas travailler, mais je ne pensais pas que tu étais dans le plâtre! Tu t’es encore chamaillé!
¾   Arrête de faire ta mauvaise langue. Je me suis fait renverser par une voiture.
¾   Tu aurais pu t’abstenir de faire de la marche extrême! dit-il en riant.
¾   Oui, mais j’ai rencontré l’homme de ma vie du coup! dit-elle en souriant bêtement.
¾   C’est lui qui va faire le travail à ta place peut-être?
¾   Merci, d'être heureux pour moi! Et puis arrête de t’en faire, je serai de retour au boulot bientôt! Tu le sais bien que je suis la meilleure. Pourquoi tant de tracas? Et puis, je n’en ai pas pour longtemps.
¾   T’as intérêt! Et puis ne sois pas aussi sûre de toi, c’est le meilleur moyen de perdre ton emploi.
¾   Tu essaies de me faire pleurer ou quoi?
¾   Sans aller dans l’excès, un peu de peine te ferait du bien et ça ne pas fait de mal à personne.
¾   Ok patron!


Une fois rentrée chez elle, elle monta dans sa chambre. Mais, en poussant sa porte, elle découvrit avec surprise, Chung assis confortablement à son bureau, en train de lire un livre sur la signification des rêves.

¾   Madailéin! cria sa mère. Je vais à la pharmacie, tu as besoin de quelques choses?
¾   Non.

Elle se tourna vers Chung. Évidemment, elle ne lui avait rien dit.

¾   Voleur, rien que ça? Allez, c’est bon, tu peux rester. dit-elle en s’asseyant sur les genoux de Chung. Mais qu’est-ce que tu fais chez moi? Tu n’as pas de maison?
¾   Si, mais mon co-locataire et mes autres amis voulaient sortir ce soir. Si j’étais resté là-bas, ils ne m’auraient pas lâché. Comme excuse, je leur ai dit que j’allais chez ma copine.
¾   Ah!? Je suis censée être ta copine, depuis quand? Tu me prends pour le bouche-trou de service?
¾   Allez, arrêtes tes bêtises.
¾   T’es vraiment trop gentil. Au moins, je te sers à quelque chose. Sur ce, bonne nuit, je me couche!
¾   Madailéin...
¾   Quoi?!
¾   Il est dix-neuf heures.
¾   J'm’en fiche!
¾   Allez! Tu sais que tu es ma meilleure amie.
¾   Ouais c’est ça!… Et le bouche-trou de service? dit-elle froidement.
¾   Je suis sérieux Madailéin.
¾   Moi aussi, je suis sérieuse. À t’entendre, on croirait que t'es seul au monde. Ne me prends pour une imbécile, je déteste ça. Pourquoi tu ne m’en parles jamais de tes amis?
¾   Ce sont deux mondes différents pour moi. Je ne veux pas les mélanger.
¾   C’est pour ça que tu viens chez moi et que tu t’incrustes dans MA famille! dit-elle en le fusillant du regard.
¾   Si vraiment ça te pose un problème, je disparais et tu n’entendras plus parler de moi. dit Chung, tristement.

Elle eut envie de rire. Il avait raison.

J'en n'ai rien à foutre de ses sentiments et de ses états d’âme! se dit-elle.

¾   Et ça m'énerve, ces apparitions soudaines. Tu n'es pas mon copain, tu n'as pas à venir chez moi comme ça! dit-elle froidement.
¾   Ah! Les femmes! dit-il avec un sourire en coin.
¾   Ferme-là! 
¾   Pfft! fit-il avec un air découragé.

Il l'attira contre lui et la câlina. Puis, il s’est mis à siffler un refrain. C’était un air doux, que Madailéin connaissait très bien. Elle eut un flash. Un homme. Trentaine. Pas de femme, pas d’enfant.

¾   Tu n’es pas marié, pas d’enfant?
¾   Non pourquoi? Pas parce que j’ai trente ans, je dois avoir une femme et des enfants.
¾   Qu'est-ce que tu chantais tout à l'heure?
¾   Ça? C’est «Should I live» de David Carva. Oh! Je sais, tout le monde n’aime pas, mais à chacun ses défauts.
¾   Chante! Chante avec les paroles!
¾   Tu y tiens?
¾   S’il te plaît!

Alors, avec une belle voix, il s’est mis à chanter. Son flash se précisa. 

Elle s’est laissé tomber sur son lit et ses yeux se sont révulsés.

Ça a complètement bouleversé Chung qui n’a plus su quoi faire. Sheeva, qui devait encore l’espionner, est allée chercher la mère de Madailéin.

¾   Oh, non! Encore?! s’est écriée sa mère en rentrant chez elle. Maddie, ma chérie, c’est fini.
¾   Maman, maman, ça recommence!
¾   Je sais. Demain, je prendrai rendez-vous avec le médecin.
¾   Non! Je ne veux pas!
¾   Mais, si tu veux que ça parte...
¾   Justement, je ne veux pas! Laisse-moi!
¾   Mais tu sais ce que ça te fait. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Souviens-toi pourquoi on t’a fait hypnotiser.
¾   Mais ça fait un moment maintenant. Ça s'est modéré peut-être. Laisse-moi voir.

Sa mère poussa un soupir.

¾   Bon, soit. Mais au premier cauchemar, je t’emmène chez le médecin de force. Il n’est pas question que tu recommences à avoir des nuits blanches!
¾   Merci Maman.

Elle s’est levée et est sortie de chez Madailéin, pour retourner chez elle.

¾   Madailéin, c'est quoi cette histoire?
¾   Excuse-moi.
¾   Excuse pourquoi?
¾   Mon premier copain ne s'appelait pas Lucan, mais Sato. Nous sommes restés ensemble un long moment, mais il y a un an et demi, il s’est fait renverser par une Safrane bleue. C’était le premier avril.

Chung est devenu blême.

¾   Chung qu’est-ce que tu as?
¾   J’y étais. C’était l'ami, d’un de mes amis.

Elle eut un sérieux doute. Se foutait-il de sa gueule? Sur le coup, ça lui paraissait un peu gros. Ça lui rappelait «Un Amour Infini». Le coup de l’homme qui offre sa place à un autre dans un avion qui s’écrase. L’homme s’en veut pendant des mois jusqu’à ce qu’il décide de rencontrer la veuve sans lui dire qui il est. Et évidemment, il tombe amoureux d’elle. Puis, à voir la tête de Chung, elle s’est dit que c’était évident, qu’il était aussi étonné qu’elle, ou c’était un très bon acteur.

¾   Comme quoi, on a beaucoup de choses en commun. dit-elle ironiquement. Mais je n’ai pas le souvenir de te connaître.
¾   Moi, par contre, je sais beaucoup de choses de toi. Sato me parlait souvent de toi, mais je n’aurais jamais imaginé que tu étais cette Madailéin. Je…

Il prit sa tête dans ses mains.

¾   Excuse-moi. Enfin, je suppose, que ça te fait le même effet. C’est vraiment. C’est génial tout en étant triste. Ça fait comme chaud et froid.

Elle s’approcha de lui.

¾   Calme-toi Chung, je sais très bien ce que tu ressens. Tu n’as pas besoin de me le dire.

Il a levé les yeux. Elle avait rarement vu autant d’étonnement dans un seul regard.

¾   Pourquoi ne nous a-t-il jamais présentés? demanda-t-il.
¾   Il aimait que nous soyons que tous les deux. dit-elle.

Elle sourit.

¾   J’avais oublié à quel point j’étais crédule dans ce temps-là.
¾   À toi de m’expliquer.
¾   C’est un peu délicat à expliquer. Je ne suis pas sûre que tu me crois. Après sa mort, j’ai… comment te dire? J’ai commencé à avoir des cauchemars, mais de vrais cauchemars, mais qui semblent se concrétiser, dit-elle timidement.
¾   Tu fais des cauchemars prémonitoires? dit-il en riant.
¾   À chaque fois, c’est Sato qui en était l’acteur. Une fois, je l’ai vu dans un bâtiment en flammes et, juste après, à l’hôpital. Le lendemain, j’étais à l’urgence avec Saraib. Un incendie s’est déclaré. J’ai même failli perdre mon emploi car je n’ai presque pas dormi pendant plus d’un mois et j’étais incapable d’aller travailler. Alors j’ai consulté un psy et, après plusieurs séances, on a convenu qu’une hypnose serait le mieux pour me faire oublier cet épisode en attendant que je sois plus forte pour pouvoir encaisser le choc. 

Il riait encore.

¾   Pourquoi tu ris comme un idiot? demanda-t-elle.
¾   Désolé Madailéin ne le prend pas mal. J'ai juste fait l'association avec tes cheveux roux et les sorcières. Tu vas me fais peur, dit-il en riant. Ça me rappelle un proverbe chinois du 12e siè(...)
¾   Si tu continues d'avoir de me sortir des trucs pareils, je te promets que tu vas avoir très peur, dit-elle en le fixant. Et je le connais ton foutu proverbe... alors tais-toi, dit-elle.
¾   Les irlandaises, vous avez vraiment un sale caractère, dit-il.
¾   Tu veux savoir à quel point nous avons un sale caractère? demanda-t-elle. Tu es entré par la fenêtre, je peux très bien d faire sortir par là, dit-elle en le frappant sur l'épaule.

Il éclata de rire. Incapable de se contrôler.

Elle plissa les  yeux.

Il leva les yeux vers elle et lorsqu'il croisa son regard, il se remis à rire de plus belle.

¾   Nous pouvons reprendre la conversation? demanda-t-elle.
¾   Oui, dit-il.
¾   Tu n'as jamais su qui j'étais avant? demanda-t-elle.
¾   Non, il m’a toujours caché ton visage. Il était très possessif.
¾   Je l'ai aimé, comme jamais je réussirai à aimer quelqu'un. dit-elle.

Elle aurait mieux fait de s’abstenir de dire cette dernière phrase, mais elle était sortie toute seule.

Il a jeté un coup d’œil à sa montre.

¾   Oups! Il va falloir que j’y aille. Bon, demain, 14 heures, je te prends pour aller au ciné.

Et il est ressorti par la fenêtre, sans qu’elle eût pu dire quoi que ce soit.

¾   Tu vois, je suis capable de sauter par la fenêtre sans ton aide, cria-t-il avant de monter dans sa voiture.

Elle se rendit à la fenêtre pour le regarder partir. 

Il veut toujours avoir le dernier mot, se dit-elle.

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À suivre...

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