L'amour authentique
XVIII
Depuis la mort de Chung, la vie de Madailéin n'est plus vraiment une vie. Elle voyait la nuit plus sombre qu'elle ne l'était vraiment, la lune semblait floue. Sa maison était vide, noire et sans vie.
Elle s'appuya dos contre le mur de sa chambre. Chaque jour, elle espérait le voir, jour après jour, elle ne vivait que pour ce moment. Elle était fatiguée, fatiguée de vivre, fatiguée de vivre sans lui. Ses genoux la lâchèrent, et elle s'effondra au sol, recroquevillée sur elle-même, chaque souffle se transformant en un cri de désespoir, comme si la douleur qui débordait de son coeur et de son âme, tentait de s'échapper d'elle.
Ses cernes sous ses yeux, salissaient sa beauté. Elle enfouit sa tête dans ses mains, répétant inconsciemment, sans cesse le prénom de son amour perdu. Un cri terrible sortit de sa gorge, un cri de douleur comme personne n'en avait jamais entendu. Le cri d'un animal blessé à mort. Un cri à glacer le sang.
Elle frappa le sol, le martelant de ses poings jusqu'au sang pour rendre enfin palpable et réelle, la douleur de son âme.
C'était un fait, c'était la réalité. Chung était bel et bien mort.
Elle se releva doucement, et s'assit sur son lit en fixant la pièce sans vie.
****
Depuis des mois, Madailéin ne riait plus, ne mangeait presque plus, ne parlait plus, ne dormait plus, ne vivait plus. Seul son coeur pourrait la sauver de ce cauchemar.
****
Madailéin se rendit dans le parc non loin de chez elle. Elle s'assit sur un banc loin des regards.
Quelqu’un derrière elle se mit à chanter.
¾ I'll live, I'll stay. I'll be back another day... I'm next to you, I'm still in your life, I'll be back another day. Our love is undying.
Elle se retourna brusquement, le cœur battant à cent à l’heure. Elle avait cru rêver alors, elle ne voulait pas y croire... pourtant il était bien là. C'était bien lui... Et il était bien réel... Elle ouvrit grand les yeux.
¾ Tu as bien fait de ne pas mourir! J’ai choisi de revenir. dit Chung.
Madailéin recula en le fixant. Il était devant elle. Elle eut un frisson d'effroi. Comment pourrait-il se trouver là, elle l'avait vu mourir. La douleur de son âme se muait-elle en une forme de folie qui lui donnait d'étranges visions? S’était-elle perdue dans un monde qui n'appartenait qu'à elle, où Chung vivait?
Elle laissa tomber son livre et s'enfuit en courant. Elle devenait folle.
¾ Madailéin!!! Attends!!
Il courut derrière elle pour finalement la rattraper.
¾ Lâche-moi! cria Madailéin.
¾ C'est moi! Madailéin, regarde-moi! dit-il.
Elle leva les yeux vers lui. Elle le toucha avec son index. Elle recula en voyant qu'il était vraiment devant elle. Elle ne puit se retenir et elle le gifla.
¾ Pourquoi tu m'as fait ça! Tu m'as laissé m'effondrer et j'ai oublié comment penser à moi, j'ai oublié comment il fallait faire pour avancer. Je suis dans le noir. Je t'ai vu mourir!
Soudain, elle se rappela le mot qu'il lui avait écrit... "I'll live, I'll stay. I'll be back another day... I'm next to you, I'm still in your life, I'll be back another day." Il lui avait dit que lorsqu'il chanterait ce refrain, c'est qu'il serait de retour.
¾ Je suis désolée, déclara-t-il, je peux rien t'expliquer pour l'instant, mais...
¾ Je t'ai vu mourir!
¾ Non, ce n’est pas moi qui tu as vu mourir, mais celui qui devait me tuer. L'homme cagoulé qui a tiré pour m'abattre, était Mori. L'arme était chargée à blanc, de sorte que chacun des tireurs eut cru que j'étais réellement mort.
¾ Les cendres dans cette urne, elles appartenaient à qui?
Elle pensait à Mori à ses côtés et il l'avait consolée. Et la phrase de Mori lorsqu'elle avait jeté les cendres dans le jardin. "Disons qu'il s'est absenté pour une période indéterminée". Mori le savait. Ils ont beau faire la morale sur la trahison, c'est ce qu'ils ont fait, ils l'ont trahie.
¾ Je t'ai venger pour rien! cria-t-elle. J'ai risqué ma vie pour toi!
¾ Non, tu ne l'as pas fait pour rien. Cela m'est déjà arrivé de douter que tu m'aimais, avec ce que tu as fait...
Elle le gifla à nouveau.
¾ Tu crois que si je ne t'aimais pas, j'aurais risqué ma vie pour toi?
Elle se jeta sur lui, et elle le roua de coups.
¾ Tu vas arrêter de me frapper, cria-t-il, en la prenant par les poignets.
Il eut presque envie de rire.
¾ Tu les mérites ces coups! dit-elle, en colère.
¾ Avec ce que tu as fait à ces hommes, je devrais avoir peur de toi, dit-il en souriant.
¾ Lâche-moi! dit-elle en le repoussant. Pourquoi toute cette mise en scène? Pourquoi m'as-tu brisé le coeur comme ça?
Il sentit sa gorge se nouer. Elle ne devait rien savoir, cette phrase se répétait telle une litanie dans son esprit. Sa raison finit par avoir l'avantage sur son cœur, les mots refusèrent de sortir, les yeux suppliant de Madailéin n'y firent rien.
De sa main droite, il prit le menton de Madailéin et le releva vers lui. Il déposa de multiples baisers papillons son front, ses paupières et ses joues rosées, en descendant de temps en temps vers son cou et le début de ses épaules.
Elle sentait son souffle balayer son visage, déposant çà et là de légers baisers, elle aurait tant voulu savoir ce qu'il lui cachait... mais elle le connaissait que trop bien, il ne lui dira rien, préférant la faire taire de ses baisers.
Il aurait bientôt raison d'elle... elle resta entre ses bras si rassurants, savourant l'instant, elle s'abandonna à lui, s'en remettant à ses baisers, sa douceur.
Il continuait d'embrasser son visage, il se sentait mal d'avoir agit de la sorte. Il voulait la protéger, le plus longtemps qu'il le pouvait, et pour cela, mieux valait ne rien lui dire. Il croyait pouvoir tout supporter tout seul. C'était son devoir. Mais elle a fait ce que lui, aurait dû faire.
¾ Madailéin... dis-moi que tu m'aimes toujours, dit-il en la regardant la mine grave.
Pas de réponse.
Lui, l'aimait-il? Elle ne préféra même pas y songer, l'esprit trop embrouillé par les évènements qui n'avaient fait, que se précipiter ces dernières semaines.
Ce silence ne fit qu'augmenter cette satanée culpabilité dans sa passion. La main de Chung remonta le long de son dos, la maintenant contre lui, un étau qui se refermait sur elle pour qu'elle ne s'enfuît pas une seconde fois. Mais elle ne voulait pas partir, elle l'aurait déjà fait, il le savait.
Il aurait préféré de pas nous faire subir cela. Il souhaitait qu'elle ne le repousse plus jamais. Mais c'était pour elle qu'il l'avait fait, bien que cela lui eût déchiré le cœur.
Il se jeta littéralement sur sa bouche par à coups, y gardant le contact le temps de quelques embrassades, se reculait et y replongeait aussitôt.
Prisonnière des bras de Chung qui enlaçaient maintenant son corps fermement pour l’empêcher de le quitter. Madailéin ne savait plus si elle avait mal… Ni même s’il était vivant ou même si elle n'était pas en plein délire. Elle cessa alors de lutter, puis s’abandonna à la caresse sauvage du baiser que Chung lui offrait.
Il prit une mine soucieuse, mais une pensée vaguement joyeuse parvint quand même à égayer ce triste tableau.
¾ Je craignais tellement de ne plus revivre ces sensations uniques que j'éprouve auprès de toi, loin de toi, dénué de toute capacité d'éprouver, je ne veux pas finir ma vie sur un champ de bataille, au milieu de multiples cadavres.
Elle posa un doigt sur ses lèvres pour lui imposer le silence.
- Je ne te demanderais rien, dit-elle avec une douceur que lui seul connaissait. Si tu me promets de ne plus m'abandonner.
****
Ils ont dû quitter la ville, en abandonnant tout derrière eux. Ils ne reviendront pas. Elle a abandonné sa plus grande amie, sa mère... La séparation fut déchirante, mais ce devait se passer ainsi.
À suivre…
Karole McDowell 2011 - (c) La reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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