L'amour authentique
XXV
Quelques semaines plus tard, Chung et Madailéin furent invités par un des amis de Chung qui donnait un spectacle dans un restaurant situé à une trentaine de minutes de la ville avoisinante. Le "Red Sun" est un chic restaurant Dîner-Spectacle.
¾ La première fois qu'on s'est vu, je pensais que tu étais brusque et sauvage... Une erreur stupide, j'ai vite compris que tu n'avais rien à voir avec ces idées préconçues. Tu en étais l'exact opposé. J'étais étonné de voir autant de gentillesse incarnée en une seule personne.
¾ J'aime bien ce que tu me dis! dit Madailéin.
¾ Madailéin! dit Chung.
¾ Oui! dit-elle en souriant.
¾ Tu sais l'autre soir lorsque je suis sorti avec Sami et Mori, je ne suis pas allé faire une partie de billard. dit-il mal à l'aise. Nous avions un c(...)
¾ Chung! dit-elle en l'interrompant. Le plus important est que tu sois ici... avec moi.
Chung sursauta lorsqu'un homme lui donna une tape dans le dos. Il leva les yeux vers lui et s'aperçut que c'était un homme avec qui il avait été ami dans le passé.
¾ Hey! Chung, ça va? dit l'homme.
¾ Oui, pas mal. dit Chung.
¾ Oh! Je vois que tu ne t'ennuies toujours pas! Bonsoir, Mademoiselle, je suis Frankie. Et comment se nomme c'est charmante demoiselle?
¾ Je (...)
¾ C'est ma femme, dit Chung en ne laissant pas le temps à Madailéin de parler.
¾ Oh! Je vois que tu as arrêté de butiner, c'est bien ça! On se sent toujours mieux quand on est fixé. dit Frankie. Bon je vous laisse les amoureux. À plus!
¾ Ouais, c'est ça! dit Chung.
Chung se tourna vers Madailéin en ressentant un malaise. Il lui fit un sourire nerveux. Cet abruti lui avait fait perdre la face devant Madailéin, il aurait pu le frapper pour ça.
¾ Butiner? dit Madailéin en souriant. C'était avant ou après moi? demanda-t-elle.
¾ Je te l'ai dit l'autre soir avant que Mai nous surprenne dans la cuisine. J'ai eu des femmes auparavant, mais rien de sérieux, ce n'était que de l’amusement. C'est pour ça qu'au tout début, lorsque tu m'avais surpris avec Zi, je t'avais dit qu'avec elle ce n'était rien. dit-il en serrant les dents.
¾ Hum! Tu m'as trompé? Si tu es si jaloux, c'est peut-être que tu as peur que je sois comme toi! Non?
¾ ...
¾ Pourquoi tu ne réponds pas! dit-elle calmement.
¾ Je n'aime pas que tu doutes de moi. dit Chung en fuyant son regard. Il ressemblait à un enfant qui avait été grondé par sa mère.
¾ Alors, tu m'as trompé ou pas? redemande-t-elle.
¾ Je ne suis pas l'homme le plus parfait, mais je ne t'ai pas trompé et je ne le ferai pas non plus. Tu le sais non?
¾ Donc, si je comprends bien, si tu as réagi si mal l’autrefois dans le stationnement du centre commercial, lorsque je t’ai dit que tu n’étais pas différent de Sami, tu étais un peu comme lui!
¾ Je n’étais pas comme lui, je n’ai jamais rien promis à une femme, comme lui le fait pour les attirer dans son lit.
Il prit sa main et la porta à sa bouche.
¾ Je... Je t'aime Madailéin. dit-il.
¾ Moi aussi, je t'aime Chung. Tu m'as fait redécouvrir l'amour que je croyais ne plus jamais revivre après la mort de Sato.
¾ J'espère que toi aussi, que tu m'avoueras un jour que tu m'aimes autant que tu l’as aimé. Ta simple présence suffit à mon bonheur.
¾ Qu'est-ce que tu veux dire autant que lui? Je t'aime Chung, Je t'ai donné ma virginité, ce que lui n’a pas eu.
Chung regardait celui qui avait été son ami dans le passé. Un ami, si on peut vraiment le qualifier ainsi.
Frankie prit un banc au comptoir. Chung pouvait sentir la pesanteur de son regard sur lui et... sur elle. Il devait croire qu'elle était du même genre qu'il avait connu avant elle. Et ça le rendait nerveux. Il aurait voulu le traîner dehors et lui donner une bonne raclée.
¾ Je suis vraiment désolé, ma chérie! Mais s'il te plaît, ne doute pas de moi.
¾ Ok. dit-elle.
¾ Je reviens, dit Chung en se levant.
Elle le regarda se diriger vers les toilettes.
Peu de temps après, Madailéin constate qu'un homme la dévisage avec insistance. Il était accompagné de deux hommes. Elle se sentait intimidée et n'osait plus regarder en cette direction.
"Il porte des lunettes de soleil à l'intérieur, c'est étrange!" se dit Madailéin.
Il avait les cheveux mi-long noirs bouclés. Les deux hommes qui l'accompagnaient portaient des habits haut de gamme. Elle éprouva un malaise lorsqu'un des deux hommes se leva et se dirigea vers elle.
¾ Bonjour, Mademoiselle! Mon frère vous offre cette rose. Il se nomme Georges. Il est très timide, alors j'ai décidé de venir pour lui. Pourrais-je connaître votre prénom?
¾ Pourquoi voulez-vous savoir mon prénom?
¾ Georges aimerait bien vous rencontrer.
¾ Vous n'avez pas vu que j'étais accompagnée? Je ne peux accepter sa proposition. Dites-lui que je le remercie pour la rose.
¾ Il sera désappointé, mais je vais lui faire le message.
L'homme regagna sa table, et les trois hommes quittèrent le restaurant. Madailéin regarda les hommes monter dans leur voiture avec empressement. Lorsqu'elle se retourna, elle vit Chung qui vint la rejoindre.
¾ Tu as acheté une rose! dit Chung.
¾ Non, on me l'a offerte.
¾ Qui?!
¾ Un homme qui était assis à cette table, là, juste derrière toi!
¾ Tu l'as accepté? dit Chung en se tournant pour regarder. Qu'est-ce qu'il voulait? Il était seul?
¾ Deux hommes étaient avec lui. C'est son frère qui est venu pour me la donner.
¾ Comment s'appelle-t-il? Il te l'a dit?
¾ Oui, il se nomme Georges. Toutefois je ne connais pas le prénom de celui qui m'a remis la rose.
¾ Il a fallu que je m'absente quelques minutes, pour qu'on vienne t'importuner. Je suis désolé.
¾ Ils sont partis très vite lorsqu'ils t'ont vu sortir des toilettes. Tu t'en fais pour rien. Il ne s'est pas jeté sur moi, il a été très gentil.
Il la regarda en haussant les sourcils.
¾ Gentil? Il a attendu que je me lève pour venir te parler. Nous n'avons pas la même définition de ce mot, je crois.
¾ Hum! dit-elle en hochant la tête.
Madailéin ne réussissait pas à le comprendre. Après une petite crise de jalousie, il devenait distant. Il est si hermétique, comme si les sentiments d'un homme étaient considérés comme un handicape ou une faiblesse.
Chung n'a pas eu une enfance agréable. Sa mère est morte alors qu'il avait à peine neuf ans. Son père s’était remarié un an plus tard. Il aimait bien sa belle-mère, mais ce n’était pas sa mère, et elle ne le sera jamais, ce qui avait créé des tensions entre son père et lui à plusieurs occasions.
C'est à l'adolescence, qu'il commença à exécuter des contrats. Malgré son jeune âge, il était très apprécié, et sa loyauté n'avait plus besoin d'être prouvée.
Il réfléchit à tout ce qu'il a accompli jusqu'à ce jour. Il n'aurait jamais pensé avoir la chance de rencontrer celle qui lui était destinée. Il en avait rêvé souvent. Madailéin. Et pourtant...
Son travail à l'hôpital lui manquait parfois, mais il était bien, et c'est ce qui comptait. Il y retournera, mais pas pour le moment. Le fait qu'ils ont dû quitter le Québec, avait chamboulé beaucoup de choses.
À trente et deux ans, il n'était plus le même. Il ne voyait plus aucune femme exceptée, elle. Il ne s'est pas jeté sur elle comme sur bouée de secours, il l'aimait. Il sait ce que Madailéin apprécie le plus chez lui. Il est resté le même et n'a pas essayé de changer pour lui faire plaisir.
****
Les gens acclamaient les musiciens sur la scène et Chung entendait le claquement des mains, comme si les gens applaudissaient de l'extérieur. Madailéin s'était retournée pour apprécier le spectacle et elle se retournait de temps en temps pour lui faire un sourire.
¾ Où es-tu Chung? Tu ne sembles pas avec moi!
¾ Je réfléchissais à ce qu’on s’est dit plus tôt!
¾ Je t'aime Chung! dit-elle en souriant. C’est ça le plus important.
À suivre…
Karole McDowell 2011 - (c) La reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Écrivez un commentaire