L'amour authentique
XVI
Elle entra discrètement par la porte d’entrée et arriva dans le dortoir. Tous trois étaient assis sur des chaises. Mori les avait ligotés. Son regard s'arrêta sur les hommes. Le premier était celui qui les avait fait monter elle et Chung, dans la camionnette et qui avait essayé de la violer dans la cellule. L'autre, celui qui avait abattu Chung et Ruan, et le traître. Les trois étaient devant elle.
¾ Bonsoir, Messieurs! Je suis odieuse de venir comme ça au beau milieu de la nuit! dit Madailéin.
¾ Mais t’es qui, toi! dit le chinois qui se disait britannique.
¾ Qui suis-je! Vous me peinez cher Monsieur! Je suis celle que vous avez enfermée, il y a vingt jours de cela, vous avez le syndrome de la mémoire courte, on dirait!
¾ Qu’est-ce que tu veux? dit celui qui avait abattu Chung et Ruan.
¾ Oh! Pas grand chose. Vous tuer, et pourquoi? dit-elle.
Ils sont tous éclatés de rire.
¾ Ah! J’avoue que parfois, je sais être très drôle! dit Madailéin.
¾ Stupide aussi. Tu crois que nous sommes que trois ici? dit celui qui les avait fait monter dans la camionnette.
¾ Je sais, vous étiez huit en tout. Mais il est arrivé malheur aux cinq autres! Désolée.
Ils étaient tous attachés sans possibilité de se libérer. Elle avait de bonnes raisons de se venger. Mais ça les faisait rire. Elle prit très mal, cette grossièreté. Était-elle si peu crédible?
¾ Une petite démonstration, ça vous tente? dit Madailéin. C'est quoi ton nom, demanda Madailéin à celui qui avait essayé de la violer dans la cellule.
¾ Je ne dirai rien à toi.
¾ Ok, comme tu veux.
Elle s’approcha de lui. Elle sortit un couteau et d’un sec, elle lui coupa le visage. Les rires cessèrent au même moment qu'il commença à hurler.
¾ Tu aimes faire souffrir, mais tu n'es pas très résistant à la douleur. Ceci est d'ailleurs bien dommage, car cela ne me laissera pas assez de temps pour bien m'amuser avec toi. Maintenant je vais pouvoir jouer avec vous tous!
Un sourire sadique apparut sur son visage.
¾ Ecoutes-moi, connasse! Tu vas crever.
¾ Tut … Tut … Tut … C'est quoi ces manières! Et toi, c'est quoi ton nom?
¾ Liang!
¾ Et ton nom britannique? Tu as bien dit que tu étais britannique! Pourquoi tu me sors un prénom chinois? Vois-tu, nous avons toute la nuit devant nous, et tu ne seras pas déçu du voyage quand tu atterriras. Si tu atterris, bien sûr! dit-elle.
Elle mit sa main dans la poche de son manteau de cuir, et elle sortit une pince.
¾ Tu n'es qu'une… commença-t-il. Que comptes-tu faire avec cette pince!
Elle s'avança vers lui.
¾ Je suis irlandaise, je crois que tu le sais. Et disons, que je suis assez bien documentée sur les différentes méthodes de torture que vous avez employé pour torturer plusieurs de mes ancêtres. À moins que tu décides de tourner ta veste et de devenir chinois. Mais, même à ça, cela ne m'arrêtera pas.
Elle prit l'annuaire de sa main gauche, et commence à lui arracher l'ongle très lentement, alors qu'elle continue à parler, et lui, commence à hurler.
¾ Je ne ferais jamais de mal à mon prochain. Je vois que tu ne connais pas ce proverbe.
Elle continua à arracher son premier ongle délicatement, alors qu'il hurle de plus en plus fort. Elle s'attaque à son deuxième doigt, le majeur de la main droite.
¾ Je ne tuerai point. Tu as aussi enfreins ce proverbe en tuant l'homme que j'aimais, une grosse erreur de ta part.
Elle arrache d'un coup sec son deuxième ongle.
¾ Tu es cinglée! s'exclame-t-il en se tordant de douleur.
¾ Cinglée? dit-elle.
Ce n'était même plus un état de fait à ce moment-là, mais plutôt une constatation purement rhétorique.
¾ Bon en fait je pense que je vais être magnanime et que sur ce coup te couper la main, serait bien plus marrant.
¾ Ne fais pas ça!
¾ Je suis désolée mon chou, mais vous avez emporté ce qui résidait dans mon corps : Mon humanité. Je me suis demandée ce que cela ferait de vous voir, vous tortiller de douleur sous mes mains. Alors que vous, vous avez fait mourir mon âme sœur. Je rêve simplement de vous faire mourir tout court. Quel fol amour, ne trouves-tu pas? Au moins, je pourrai dire que notre amour n'était en aucun cas platonique, et routinier.
Il faillit tomber dans l'inconscience. Elle s'approcha de son oreille et murmura.
¾ Avant que tu ne tombes dans l'inconscience, je tenais juste à te dire une chose. Sache que vous allez tous souffrir comme vous avez fait souffrir par le passé. Comme mon père disait, on meurt comme on a vécu. Mais je serais gentille, j'abrégerai vos souffrances. Ne me trouves-tu pas gentille? Mais toi, tu me fais plaisir lorsque je vois l'horreur et la peur sur ton visage.
¾ Va te faire foutre! cria celui qui avait essayé de la violer.
¾ Quoi! Je viens de torturer ton camarade et tu oses m'insulter! J’ai été piégée à caméra cachée, ou quoi? Écoute-moi, gros tas de merdes, tu ferais mieux de fermer ta grande gueule. Ne t'en fais, quand l'autre sera mort, tu vas prendre ton pied, promis!
¾ Tu n’auras pas le cran de faire ça, sale chienne! cria celui qui avait tenté de la violer.
¾ Tu crois que je vais me gêner!... Jimmy!
¾ D'où sors-tu mon nom?
¾ Ah! Tu me déçois! Lorsqu'on veut tuer quelqu'un, il faut d'abord se renseigner sur lui!
¾ Va te faire foutre! Ce n’est pas une traînée dans ton genre qui va me faire peur!
¾ Une traînée de luxe, fais attention à ce que tu dis! cria-t-elle en dégainant son arme. Maintenant, lève la main ou je fais exploser ta jambe!
¾ Vas-y, tire.
¾ Il ne faudra pas me le dire deux fois!
Elle tira. Il poussa un hurlement terrifiant.
¾ Alors, tu la lèves cette main? Oui ou merde!
¾ Merde!
¾ Comme tu veux!
Elle lui logea une balle dans l’autre jambe. Il hurla de plus belle.
¾ Aaaah! Putain! PUTAIN!
¾ Maintenant, tu la lèves cette main!
¾ C’est bon, je vais la lever, ne t’énerve pas!
¾ Je ne suis pas énervée. Tout compte fait, ta main ne m'intéresse plus. Laisse tomber.
¾ Ah! Putain, tu fais chier! Poufiasse!
¾ N’épuise pas ton vocabulaire, il semble assez restreint et je n’en ai pas encore terminé avec toi. Ce qui m'intéresse c'est de te voir mourir! dit-elle en mettant la lame de son couteau sous sa gorge.
Il avala bruyamment sa salive.
Elle se dirigea vers Liang.
¾ Regarde ce que j'ai amené avec moi?
Elle sortit une boîte de sel de son sac et elle le versa sur ses blessures.
Ses cris n’avaient plus rien d’humain, et ses yeux étaient ceux d’un fou. Cet homme était devenu un monstre au sens figuré, bien qu’il ne soit plus en état de faire grand chose.
Elle se rendit vers sa seconde victime qu’elle avait laissée en plan, qui agonisait, désormais.
¾ C’est terrible, la souffrance! Tu n’aurais jamais imaginé ça, n’est-ce pas? Mais, ne t’en fais pas, c’est fini.
Elle lui trancha la gorge d’un coup sec.
Elle s’approcha à nouveau de celui qui avait abattu Ruan et Chung.
¾ Toi, comment vais-je te tuer? Qu’est-ce qu’on ressent quand on se fait dépecer vivant? Tu as déjà entendu les cris du cochon lorsqu’il sent qu’il va mourir? Ça n’a rien à voir avec celui de l’homme.
Qu’est-ce qu’il lui prenait de sortir ce genre de bêtises? Elle décida de se taire et lui planta son couteau dans le ventre, assez profond pour lui faire mal, mais pas assez pour le tuer. Ses cris commençaient vraiment à l’énerver, alors elle saisit gros rouleau de ruban adhésif et elle le bâillonna.
¾ Ce qui est étrange avec la torture, c'est qu'on finit par y prendre plaisir!
Elle se plut à lacérer son corps et à observer la tête qu’il faisait.
Sa souffrance était poussée à son comble étant donné qu’il ne pouvait hurler pour évacuer son mal.
Une fois qu’elle eut terminée, qu'il eût enduré un maximum de souffrances, elle enleva son bâillon. Elle lui trancha la gorge.
Elle garda pour la fin, le « britannique », qui était dans la cellule avec celui qui avait abattu Chung d'une balle dans la tête. Il semblait avoir apprécié lorsqu'il l'avait lacéré avec son sabre, mais là, il ne semblait pas apprécier du tout.
¾ Alors, mon chéri, euh... Liang, que dis-je. Puisque tu es britannique avant tout, ce qui est vraiment insultant pour ton peuple, et que pour moi tu es un chien, je vais t'appeler... Spot. Tu aimes ce nom? demanda-t-elle avec un sourire sadique. J’en suis sûre!
¾ Appelle-moi comme tu veux, dit-il. Mais il faut reconnaître une chose. Tu te débrouilles pas mal pour une femme. On aurait presque pu s’entendre. dit-il.
¾ Tu n'essaierais pas de flirter avec moi? demanda-t-elle en s'approchant de lui.
¾ Ça me fait plaisir que ce soit toi qui me tue, plutôt que de crever dans mon lit ou lors d’un mauvais coup dans une cabane dans le fond des bois.
¾ Hey! Qu’est-ce que tu crois! Ne pense pas t’en sortir, j’en ai pas fini avec toi! dit-elle en le pointant du doigt. Ou à moins que tu puisses m'offrir mieux que l'homme que j'aime! dit-elle en s'assoyant sur lui à califourchon.
¾ Tu savais que je pouvais me détacher? dit-il en la fixant.
¾ Tes doigts sont amochés, tu ne peux rien faire! dit-elle.
¾ J'ai eu pire, dit-il.
¾ Ah… Je vois, tu aimes ça de manière bestiale. Et je vois que je te fais de l'effet, dit-elle.
¾ Tu es belle, tu sais, dit-il.
¾ Un conseil ne sous-estime jamais une irlandaise! Jamais! Tu ne pensais pas sérieusement pouvoir me piéger aussi facilement?
¾ Et si tu la fermais? dit-il. Je n'avais pas l'intention de te tuer, je ne suis pas comme ça... Je ne touche pas aux femmes.
¾ Tu es très bavard pour un homme qui est attaché! dit-elle.
¾ Comment dire... tu es la plus... allumée des femmes que j'ai rencontrées. dit-il. Et je ne crois pas que j'aurais eu la chance de rencontrer une femme qui m'aurait aimé assez pour me venger. Dommage qu'on se soit rencontré de cette façon. Une chose est certaine... notre histoire aurait pu avoir du piquant.
Elle se releva brusquement et elle sortit alors une longue dague d'environ vingt-cinq centimètres.
¾ Tu la reconnais? C'est avec ça que tu as mutilé Chung!
Soudain, il avait déjà peur de ce qu'elle pourrait lui faire. Elle déchira alors la chemise de Liang et passa doucement sa lame sur sa poitrine.
¾ J'attends ça depuis si longtemps Liang, te faire souffrir comme tu as fait souffrir mon amour.
¾ Ce n'est pas moi qui l'ai tué, dit-il en sentant sa peau rougir sous la lame. Je suis parti avant qu’il soit tué, ce n'est pas moi merde!
¾ Tu l'as mutilé avec ça, cela revient au même, tu es l'un d'entre eux, et je ne te laisserai pas en vie, dit Madailéin avant d'enfoncer la dague au-dessus de la poitrine, entre sa clavicule.
Il hurla de douleur. Il put reprendre son souffle quand elle ressortit la lame.
¾ Inutile de te dire que les nerfs sont nombreux ici, je sais que tu connais parfaitement la morphologie humaine tout comme moi!
Elle s'en alla vers le bar derrière elle, sous l'œil inquisiteur de Liang. Elle revint avec une bouteille d'alcool fort. Liang serra les dents tandis que Madailéin en versa sur sa blessure toujours ouverte. Là encore, il hurla comme un dément. Elle haletait légèrement, ses yeux étaient voilés par le plaisir de voir l'autre souffrir. Sous les yeux incrédules, elle se plaça derrière lui, et lui enfonça la dague dans le dos à un endroit particulièrement sensible.
Elle retourna devant lui et elle se remit ensuite à califourchon sur lui et le regarda dans les yeux. Elle souriait sadiquement tout en marquant d'une traînée rouge, le torse de Liang là où elle passait avec son index. Celui-ci la regarda, conscient qu'il ne pouvait rien faire dans cette position.
¾ Alors! Tu as toujours envie de moi? Tu es très résistant. J'aime bien! dit-elle.
¾ J'ai eu pire! dit-il à nouveau.
Sa lueur sadique fit un froid dans le dos à Liang, tellement, qu'il avait peur quand Madailéin avança son arme vers sa gorge, ce qui l'effraya soudainement. Elle redescendit, sa dague en bas, droit vers son torse. C'est avec une main souple qu'elle arrêta l'arme et fit une petite entaille sur le torse de Liang, faisant écouler un peu de sang. Madailéin descendit de Liang, se mettant un peu plus bas. Elle baissa doucement le pantalon de Liang qui ne se sentait pas rassuré en la voyant si déterminée. Liang se sentit rougir et inspira profondément.
¾ Je vois que tu aimes souffrir! dit-elle en le regardant. Tu aimes les histoires? Que tu aimes ou pas, je vais t'en raconter une.
Il la regarda bizarrement.
¾ Tu dois avoir entendu parler de l'histoire d'amour de Mairenn O'Mahony et de Tan Mao Shan?… Tan? Ce n'était pas ton nom avant de devenir un traître?
Il devint pâle.
¾ Hey oui! Nous avons le même sang qui coule dans nos veines, toi et moi... bien sûr ce n'est qu'une toute petite quantité, mais il est bien là!
Elle fut surprise de le voir se lever d'un coup sec. Il s'approcha d'elle en tentant de la maîtriser.
¾ Je te l'avais dit, que je pouvais me détacher, dit-il.
¾ Moi, je t'ai dit que j'allais tous vous tuer! cria-t-elle.
¾ Tu n'as aucun lien avec moi! Ça fait 160 ans de ça. Tu n'es qu'une irlandaise de merde! cria-t-il.
¾ Et toi, une saleté de britannique!
Elle le poignarda en plein coeur. Il tituba et tomba à genoux. Liang la regarda.
¾ Ça c'est pour avoir trahi ton propre sang. Et pour avoir dit que tu étais britannique, vous avez détruit ma famille, vous avez tué mon père et les deux hommes que j'aimais. Je n'ai plus personne à présent et tout ça grâce à toi, à vous! cria-t-elle de nouveau.
Voyant qu'il était toujours en vie, elle le poignarda une nouvelle fois. Les yeux de Liang se fermèrent alors à tout jamais, et il tomba sur le côté.
Elle se releva, contemplant son œuvre. Elle dû reconnaître que Mori avait raison. Quoiqu’elle soit satisfaite d’avoir tué et de s’être vengée, son malaise n’était pas passé. Ce n’était pas après les avoir massacrés, que cela était sensé lui faire du bien ou lui aurait rendu Chung ou Sato.
Elle retourna dans la cellule où Chung était mort pour récupérer la lettre qui lui était destinée. Dessus, il y avait écrit. "I'll live, I'll stay. I'll be back another day... I'm next to you, I'm still in your life, I'll be back another day. Our love is undying" Chung.
Ces mots semblaient lui dire quelque chose, mais étant dans un état second, elle ne cherchait pas à savoir où elle les avait entendus.
Elle fit le tour du hangar afin de trouver quelque chose pour détruire le bâtiment et compléter son œuvre. Elle trouva de l’essence dans une sorte de réserve. Elle en versa dans toutes les pièces et elle y mit le feu.
Elle s’est bien sûr enfuie avant l’arrivée des pompiers ou des policiers. Elle n’avait pas de souci à se faire. Dans ce trou désert et à cette heure de la nuit, personne ne pouvait l’avoir vu. Et comme personne de vivant ne savait ce qui s’était passé à part Mori et elle-même, elle n’avait aucune raison de s’inquiéter.
Elle se rua chez elle, épuisée et maculée de sang.
À suivre…
Karole McDowell 2011 - (c) La reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.
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