vendredi, février 18, 2011

Amour éternel - souvenir d'une vie antérieure... année : 1113





Note de l'auteure : C'est un peu long, mais j'espère que vous apprécierez. (C'est un petit extrait de mon roman à venir) Bonne lecture!





* AMOUR ÉTERNEL *

- XXXI -

Ils attachèrent de la corde autour des poignets de Chuichi. Il fut soulevé jusqu'à ce qu'il ne puisse plus toucher le sol au milieu d’une arène au plancher en bois recouvert de sable, divisée en cinq secteurs horizontaux séparés par des couloirs.

Quelques nuages de sable se soulevèrent. Un bourreau aux muscles saillants apparut. Déployant son mètre quatre-vingt-dix, il s'offrit une ovation arrogante et rustre. Un vacarme ahurissant naquit dans le public. Tapant du pied sur les gradins branlants. Les gens criaient leur joie d'assister bientôt à un spectacle brutal, entraînant les sifflets de la foule.

Mairenn attachée les mains dans le dos à un poteau, observait la scène sans pouvoir réagir. Elle regarda l’homme qui continuait de la fixer. Le soleil illuminait maintenant toute la place et rendait le sable aveuglant. Le poteau prévu pour l’exécution s’élevait au centre de l’arène et le sang séché à sa base avait tellement imprégné le bois et le sable, qu’il demeurait indélébile.

À quelques pieds de la loge principale, le bourreau s’arrêta et salua son roi. Le roi leva la main en guise de salut et la reposa sur le bras de son fauteuil, signifiant le début de la torture. Chuichi essayait de se dégager de ses liens, mais il n’y arrivait pas.

Le bourreau se rapprocha d’elle. Il la prit par le cou et la secoua avec une violence inouïe et lui assena plusieurs coups de poings sur le visage. Mairenn était ensanglantée. Elle avait le visage défiguré par la colère, la violence. Il la frappa à plusieurs reprises, au visage et au ventre. La foule s’agitait, des exclamations mêlant toutes sortes de sentiments se faisaient entendre. Les édiles se frottaient les mains.

À la première plainte de sa belle, Chuichi était entré dans une fureur démentielle, il se débattait pour se défaire de ses liens.

Le bourreau se rendit derrière Mairenn et lui détacha les mains. Plié en deux, Mairenn tomba à genoux, peinant pour reprendre son souffle. Crachant le sable qu'elle venait d'avaler, elle se dressa sur les coudes, sonnée. Le bourreau s'avança d'un pas lourd et lui asséna un coup de pied rageur. Celui-ci la rata de peu, roulant sur le sol crasseux pour éviter les attaques. Tremblante, elle se retint de laisser échapper un cri. Un filet de sang coula de ses lèvres. Les yeux hagards, faible, elle évita une nouvelle frappe et la dévia subtilement. Elle tenta de se relever. Un coup de coude précis heurta la tempe de Mairenn. Vacillante, elle tomba dans les bras de son tortionnaire. Les yeux clos, les larmes de Chuichi auraient pu lui monter aux yeux devant la cruauté du spectacle, donc il était obligé malgré lui d'assister.

Un coup de pied percuta le visage de Mairenn, puis un autre dans le ventre. La violence du choc l'envoya percuter le poteau. Il la saisit par le cou, et la tint à bout de bras les pieds à quinze centimètres du sol, petit à petit il comprima sa gorge pour tenter de l'achever dans une lente et atroce asphyxie. Instinctivement Mairenn inspira mais l'air refusa d'entrer dans ses poumons. La moindre parcelle de son être était démolie, elle sentait un froid morbide l'envahir peu à peu. Elle ne tarderait plus à s'éteindre, comme consumer par la douleur.

Elle peinait à garder les yeux ouverts mais tenait à ce que la dernière chose qu'elle verrait en ce monde soit l'homme dont elle était éprise. Elle ne parvenait plus à arracher son regard de lui malgré la souffrance pitoyable. L'effort devenu trop grand, ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes. Le bourreau la laissa tomber. Elle toussa à plusieurs reprises.

Puis tout à coup avec une soudaineté et une rapidité surprenante, son bourreau arriva derrière elle, lève le bras et laisse retomber la lanière d’un fouet sur le dos de Mairenn. On entendit à nouveau le claquement dur et sec du fouet cinglant le dos de Mairenn.

Le sifflement du fouet soulève le cœur de Chuichi. Il ne supportait plus d'assister à cela. Et ce qui l'écoeure bien plus encore c'est la foule de badauds qui vient immanquablement se repaître de ce genre de spectacle. Le bourreau continua son office. Son bras se lève et s'abaisse maintenant avec une régularité de métronome. Dix coups déjà. Mairenn a fermé les yeux. Plus elle souffrait, plus les spectateurs sifflaient et criaient leur satisfaction.

Ses paupières closes révèlent le fard qui les maquille. Quinze coups. Chuichi voit le visage de Mairenn se contracter. Vingt coups, sous les yeux de son bien-aimé. Chuichi peut sentir sa souffrance, elle est palpable, on la devine sous cette apparente dureté, sous ses yeux résolument fermés.

Sur la place, un silence quasi religieux plana. La foule se tait. Pas de cris, pas d'insultes, aucune des imprécations ne furent entendues. La populace commence à se rendre compte que la femme que l'on maltraite ainsi n'est pas coupable. Pas une plainte ne franchissait les lèvres scellées de Mairenn. Ceux qui sont venus assister à son châtiment, paraissent tout à coup avoir honte. Cette malheureuse que l'on torture, et qui refuse de crier, force leur respect. Un coup de tonnerre retentit au-dessus de leurs têtes.



Mairenn leva la main droite, qui demandait au bourreau de s'approcher. Le bourreau leva la tête de Mairenn par les cheveux et la regarda.

- Si vous voulez vraiment que je cesse de l'aimer, vous devrez me transpercer le coeur. Vous perdez votre temps avec vos coups de fouet . dit Mairenn, d'une voix douloureuse, mais audible.

Le bourreau relâcha sa tête avec un geste brusque. Il se leva et tourna son regard vers le sbire du roi, appelé le maître des lieux.


Il fait chaud, une chaleur étouffante et moite. Le bourreau s'abreuve longuement à l'eau d'une gourde, puis verse le reste sur sa tête et ses épaules. Mairenn attend, sans rien voir, sans rien regarder. Sa tête inclinée sur le côté, ses longues mèches pendant de part et d'autre de son visage. Elle ne bouge pas, elle reste immobile, comme absente, comme si ce n'était pas elle qu'on humiliait. Le bourreau ramassa son fouet et à nouveau le sifflement obscène reprend. Trente coups. Le dos de Mairenn est maintenant en sang. Le sbire présent manifesta son plaisir, en s'agitant sur son siège. Chuichi aimerait le tuer, il voudrait brandir son épée et lui enfoncer dans le cœur.

- Sale putain, dit le bourreau. Tu crois que ta chiabrena va avoir vouloir de toi après ça? Tu vas mourir satanique, murmura le bourreau à ses oreilles.


Mairenn tenta comme elle put, de lever son visage vers lui, les yeux toujours clos, les paupières crispées. Mairenn essaie de se relever à l’aide de ses main. Mais le bourreau laissa tomber le fouet sur son dos avec une force et une violence ignoble et de surcroît, une évidente délectation, comme le constate Chuichi, de plus en plus nauséeux.

Trente coups. Le fouet, à manche court et à cinq lanières lestées de deux boules de plomb déchire sa chair.

Silencieusement Chuichi, marmonna plus que cinq, plus que cinq et tout sera terminé. Tout à coup, une plainte s'élève. Ce n'est pas un cri, même pas vraiment un gémissement, c'est le son qui échappe malgré elle à un être qui souffre.

Chuichi en a un coup au cœur qui ne fit qu’emplifier sa colère. Le sbire qui s’était rapprocher de lui, a une moue satisfaite. Les mains de Chuichi se crispent.

Sur le sol, Mairenn tremble de tous ses membres. Elle arrive au bout de ses forces. Elle se mord si fort les lèvres, qu'elles en saignent. Trente coups. C'est terminé, enfin l'odieuse séance prend fin. Le bourreau s'écarte. Deux hommes apparaissent. Ils soulèvent Mairenn épuisée et sans force. Ils lâchèrent leur emprise, et elle tomba sans pouvoir se retenir, elle arriva au sol comme une feuille morte.

La foule se tient muette, pas un bruit ne vient troubler l'atmosphère. En silence les hommes la souleva à nouveau. Mairenn essaie de se tenir debout, mais elle chancelle à nouveau. Mairenn leva le regard vers Chuichi, et elle vit le pantin du roi non loin de Chuichi. Reconnaissant l'homme, elle lui offrit un faible sourire, en guise d’ironie et se laissa tomber.

En la voyant perdre conscience, Chuichi entra dans une rage démentielle, elle était tout ce qu'il lui restait de bon sur cette Terre et personne n'avait le droit de lui faire le moindre mal. Sa haine envers le roi et le sbire fut si puissante, qu'il brisa ses liens. Libéré de cette emprise, il fonça avec toute son âme vers le sbire, cet être immonde qui le regardait se diriger vers lui sans bouger, déployant sa supériorité. Il lui donna en plein ventre, un coup de poing d'une puissance phénoménale, la force de Chuichi, le fit s’effondrer.

Pendant ce temps, les spectateurs qui s'étaient révoltés semaient le trouble dans le rangs des ennemis qui tombaient les uns après les autres. Chuichi se précipita vers Mairenn qui avait perdu connaissance. Il la prit dans ses bras et se rendit dans un coin plus tranquille. Il la coucha par terre et s'agenouilla à ses côtés. Sa respiration était faible, presque inexistante mais son cœur battait, il battait encore. Doucement elle ouvrit les yeux et sourit. Alors qu’elle avait du mal à reprendre sa respiration, elle entendit le sbire pousser un hurlement pour enflammer  la foule. Chuichi fut projeté à quelque mètres de là. Mairenn se releva à peine, elle sentit quelque chose de dur s'enrouler autour de son cou et elle fut traînée violemment en arrière. Le bourreau avait récupéré une chaîne et tentait de l’étrangler, sous les cris du public. Elle eut beau tirer de toutes ses forces, elle ne réussit pas à la dégager de son cou, et très vite, elle se mit à suffoquer.

- Si elle meurt, il y a de fortes chances, que tu deviennes en colère, non? J'aimerais bien, me mesurer à toi, Chuichi! dit le sbire en riant. 

- Regarde ma femme dans quel état elle est! Regarde-là! 
- Vous avez défié les lois! cria le Roi. Chuichi, tu as assassiné cinquante de mes hommes pour la protéger, elle et son bâtard. Tu croyais vraiment, que j'allais vous laisser faire? Regarde-là! Tu as encore envie d'être à ses côtés? dit-il avec arrogance.


Chichi regarda Mairenn,  et reposa son regard sur le Roi.


- Oh! Je vois que tu ignorais ce détail, dit le sbire, en riant.

Il tomba à genoux, Mairenn ne parlait presque plus. Sa gorge irritée par toute la poussière qu'elle avait inhalée et par la déshydratation ne laissait plus passer que de vagues sons rauques, de plus en plus faibles. Elle n'avait plus assez d'énergie pour se plaindre ou se débattre. Elle restait inerte, ses doigts crispés sur le poignet de Chuichi.
À chaque fois qu'elle ouvrait les yeux, toujours presque en même temps, elle se trouvait un peu plus faible, un peu plus mal, un peu plus désespérée. Chuichi sentit des larmes silencieuses inonder son visage et devina qu'elle était sur le point de lâcher prise.

À partir de cet instant, elle se tût complètement. Seuls ses cauchemars quasi continuels parvenaient encore à lui tirer quelques gémissements. Un sentiment d'impuissance avait pris le dessus sur Mairenn et ce fut la fin.

Chuichi la serra contre son coeur tout en hurlant sa peine et sa douleur. Ils avaient tout fait pour qu'ils se haïssent, victimes de préjugésQui aurait cru qu'elle allait mourir pour lui. Elle n'a pas crié, elle ne s'est pas plaint à aucun moment.

- Oh! Je crois qu'elle est morte à présent, dit le sbire en riant à gorge déployée.

Chuichi se releva. Il leva les yeux vers l'homme. Il sentit alors le sang battre férocement dans ses veines. Sa respiration était rapide.

- Sale bâtard, cria Chung. Nous nous reverrons tôt ou tard, je le jure sur mon propre sang, je te tuerai! Je maudis ton sang et ta descendance. Je vous tuerai du premier au dernier. Peu importe le nombre de vies que je devrai me taper, je vous tuerai tous.

Chuichi se dirigea vers le corps inerte de Mairenn. Il récita quelques phrases inaudibles. Il planta son épée dans son propre coeur, et il tomba à côté d'elle. Dans un dernier souffle, Chuichi embrassa Mairenn avant de lui murmurer.

- Je t'aime…

Dans un moment de délire, Chuichi sentit une main se glisser dans la sienne, sa femme le regardait en souriant. Il se pressa encore plus contre elle, avant de sombrer dans l'inconscience de la mort.

****


Le sbire regarda la scène avec un sourire. Du coup, il sentit un vent froid qui semblait l'entourer. Il perdit son sourire.

Chuichi était mort et mais il avait l'impression que son âme le regardait, tournait autour de lui.

Il entendit une voix murmurer. Soudain, une main invisible serra son cou. 

L’étreinte se resserra et il avait de plus en plus de mal à respirer. Bientôt, elle l'étranglait complètement, et tout devint noir.




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Il est mort pour elle, elle est morte pour lui...
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