Amour éternel - Chapitre XX

* AMOUR ÉTERNEL *

- XX -

Madailéin était assise derrière le comptoir à la librairie. Elle n'aimait pas le lundi, c'était le jour le plus long et surtout la journée où il n'y avait pas beaucoup de clients. Elle était perdue dans ses pensées, regardant par la fenêtre. Elle dirigea son regard vers le livre qu'elle avait commencé à lire et le prit. Elle tourna les pages et se rendit là où elle s'était arrêtée.

La porte de la librairie ouvrit. Sami entra. Comme à son habitude, il avançait d'un pas lent vers le comptoir. Il s'appuya sur ses coudes et lui fit un sourire.

- Bonjour Madailéin, alors la journée? dit-il d'une voix calme.

- C'est lundi, c'est tranquille. répondit-elle.

- Je ne te dérange pas, alors. Je passais dans le coin et je me suis dit que je devais absolument venir te saluer par politesse. dit-il en souriant.

Elle riait toujours de le voir sourire. Elle ne savait pas que le visage pouvait contenir autant de muscles. Il réussissait à se faire des rides incroyables. Pourtant, sa peau était lisse comme celle d'un bébé.

- C'est très gentil, alors, quoi de neuf? demanda-t-elle.

- Bof! dit-il sans émotion. Alors toi et Chung, ça va? demanda-t-il.

- Oui, ça va? dit-elle. 

- Alors, il n'est pas revenu trop bourré hier soir? Il n'est pas commode lorsqu'il a bu, dit Sami.

- Tu sais, un homme reste un homme, quand il est bourré, il est bourré, si tu vois ce que je veux dire, dit-elle en souriant.

- Lorsque Chung prend un peu trop de boisson, il devient agressif.

- Non, je le connais, qu'il soit sous l'effet de l'alcool ou pas, il n'est pas violent. Tu me racontes n'importe quoi! dit-elle. Mais bon... ce que j'ai ressenti hier, n'était pas du tout de l'agressivité. dit-elle en souriant.

Sami grogna.

- Madailéin, nous allons parler. Si tu veux bien m'écouter.

- D'accord, mais ne me raconte pas n'importe quoi, cette fois, dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.

- Laisse-moi terminer jusqu'à la fin, même si l'envie te prend de rouspéter. D'accord?

- Ok! Tu piques ma curiosité! dit-elle.

- Chung t'aime, il faut être fou pour ne pas s'en rendre compte. Mais le 

Chung que tu aimes et qui t'aime, n'est pas celui que tu crois. Ce n'est pas un homme sans reproches. Il a fait des erreurs dans sa vie.

- Qu'est-ce que tu me racontes là! dit-elle, surprise.

- Laisse-moi finir, je t'ai dit de ne pas m'interrompre. Lorsqu'il te dit qu'il pourrait tuer pour toi, il faut le croire, tu ne sais pas de quoi il est capable. Et sa jalousie est sans pardon. C'est mon meilleur ami, c'est comme un frère pour moi. Il ne faut pas avoir peur de lui, il ne te frappera jamais, il se tuerait après, s'il le faisait. 

- Tu es saoul, dit-elle en souriant. Tu me parles d'un homme que je ne connais pas. Je ne vois pas l'intérêt.

- Tu n'as pas compris, je crois. Chung peut-être très dangereux, tu ne sais pas qui il est. Le vrai est insouciant des autres et cruel. Lorsqu'il veut quelque chose il l'obtient... Pour t'aimer il t'aime c'est certain, mais il ne fera jamais de toi sa femme. Même s'il te l'a dit, ne le croit pas, tu n'es qu'un amusement pour lui.

- Grrrrr! Tu commences à me faire peur là... dit-elle sans émotion.

- Il ne fait que jouer avec toi alors que moi...Je t'aime... Et je te jure que je ne le laisserai pas te faire du mal... Voilà.

- C'est vraiment ton meilleur ami? Je ne voudrais pas savoir ce que tu dirais s'il était ton ennemi, dit-elle sans le regarder. Tu es supposé être pour lui et non contre lui. dit-elle.

- Tu n'es pas choquée? demanda Sami.

- Non, pourquoi, le serais-je. Je le connais, je sais qu'il est jaloux, même très jaloux, mais je sais aussi, qu'il n'est pas fou.

Sami haussa les sourcils.

- Écoute-moi, Sami. Tout le monde a un passé, moi y compris. Mais, il faut apprendre à tourner la page. Je suis à même de le faire. Alors nous devons faire le point et grandir! Je ne mettrai pas mon couple en péril à cause d'une discussion anodine!

Sami, la regardait surpris. Il n'en croyait ses oreilles. Il était en train de lui dire que Chung pouvait être dangereux et elle prenait cela comme un grain de sel. Il n'avait même pas réussit à la faire sourciller. Sami soupira agacé, et les nerfs à vif.

Sami n'a pas de petite-amie, parce qu'il convoitait une fille hors d'atteinte, la compagne de son meilleur ami. Elle représentait tout ce qu'il recherchait chez une femme. Elle était belle, intelligente et drôle, et de plus, il n'y avait pas grand chose pour la décourager. Il était amoureux d'elle, mais Chung avait mis la main dessus avant. Sami se demandait sérieusement ce qu'elle avait pu lui trouver.


- Alors Sami, tu es venu me voir que pour me faire peur? Ou tu es venu me voir en tant qu'ami, si tu sais encore ce que ce mot veut dire, dit-elle ironiquement.


Au lieu de répondre, Sami se rapprocha d'elle.


- Tu n'as pas encore compris, dit-il surpris.
- Comprendre quoi? marmonna-t-elle.


Madailéin sentait le souffle frais de Sami, balayer son visage.


- Si tu savais à quel point (…)
- Qu'est-ce que tu as mangé pour le déjeuner? demanda-t-elle. Parce que ton haleine, n'est pas très... alléchante, dit-elle sans émotion.
- Tu veux bien me laisser finir? dit-il.


Il commençait à s'énerver.


- Ah bon! Excuse-moi, dit-elle en levant les yeux.
-Si tu savais à quel point, te voir tous les jours dans les bras de... Chung. Je pourrais… non, je voudrais te donner tellement plus.
- Sami… souffla-t-elle.
- Madailéin, dit-il sur le même ton.
- Il va te tuer, murmura-t-elle. Tu viens de me dire qu'il est dangereux et tu oses me faire des avances, soit tu es courageux ou soit, tu es simplement stupide.
- Je prends le risque, et je n'ai pas peur de lui, dit-il.
- Bien oui! Tu ne m'aurais pas dit qu'il était dangereux! Mais bon... pour revenir à ce que tu pourrais me donner de plus que lui, je souhaite que ce ne soit pas ce que tu as mangé, parce que vraiment, si ça goûte ce que ça sent, ce n'est pas gagné. dit-elle en riant.
- Tu ne pourrais pas être sérieuse pour une fois? dit-il offusqué. Tu es chiante, merde... ajouta-t-il en frappant sur le comptoir.
- Mais il y aurait une autre possibilité, dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.
- Oui, quoi? dit-il tout sourire.
- Je pourrais te présenter ma cousine, elle est tout aussi chiante que moi, dit-elle en le fixant.
- Laisse tomber, dit-il en se dirigeant vers la sortie.


Elle soupira et elle donna des petits coups sur le comptoir avec ses ongles.


- Sami chéri, dit-elle. Viens me voir, approche-toi tout près de moi, dit-elle.


Il se tourna brusquement. Sa voix était froide et dure. Cette voix le fit frissonner.

Il s'approcha d'elle. Seulement quelques centimètres séparaient leurs visages. Ses yeux passaient de ses yeux à sa bouche, de sa bouche à ses yeux.

Elle prit son menton dans sa main et tourna sa tête, pour qu'elle puisse voir son oreille.

- Sami, dit-elle d'une voix douce.

- Oui, Madailéin, dit-il la voix tremblante.

Elle prit son lobe d'oreille entre son pouce et son index et tira dessus brusquement. Il fit une mimique douloureuse.

- Si ce n'est pas Chung qui te tue, c'est moi, qui te tuerai, si tu oses encore calomnier Chung ou si tu oses encore t'approcher de moi. dit-elle, sans aucune faille dans sa voix.


Elle retira ses doigts de sur son lobe et poussa son visage brusquement.


Il avait le visage pâle. Il la regarda dans les yeux, et il s'aperçut qu'elle ne plaisantait pas. Elle avait le même regard que Chung, la même lueur menaçante dans les yeux. C'est surtout ça, qui le fit se sentir mal, beaucoup plus que ses paroles.


- Bye Sami, et bonne fin de journée, dit-elle, ne le lâchant pas des yeux.


Il se dirigea vers la sortie, ouvrit la porte et il quitta sans la regarder.

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