mardi, février 15, 2011

Amour éternel - Chapitre XXIV

* AMOUR ÉTERNEL *

- XXIV -

Vérité ou mensonges ...


Une petite voix dans sa tête lui soufflait que le moment était venu de lui parler d'elle. De lui parler de ce que cette fille, celle qu'il croyait que je haïssais et que j'aurais tellement voulu haïr, ce qu'elle avait fait naître en lui en l'espace de seulement quelques mois. Et au-delà.

*****

Il était assis chez celui qu'il considérait comme son meilleur ami, son frère de coeur. Il jetait des coups d'oeil furtifs sur elle. Il pensait et repensait, il ne savait par où il allait commencer.
Chung lui lança un regard étonné durant lequel ses yeux ambrés le scrutèrent, puis il se détourna en secouant légèrement la tête.

Son estomac était tellement noué qu'il en avait la nausée. "Ce regard, le savait-il? S'en doutait-il? Non, s'il le savait, je serais déjà mort ou gravement amoché" se dit Sami.

Chung vint s'asseoir à côté de lui sur le canapé. Il regarda son verre et se tourna vers Sami, il le regarda et tourna son regard sur son verre.

- Un jour, il faudra que tu m'expliques pourquoi tu la détestes autant! dit Chung en brisant le silence.
- De qui tu parles, Chung? demanda Sami, surpris.
- Madailéin!
- Non, je ne la déteste pas. répondit-il. Mais je souhaite juste que tu ne te sois pas trompé en laissant tomber Zi. ajouta-t-il.
- Ne t'en fais pas, c'est la meilleure décision que j'ai prise de toute ma vie, ne soit pas inquiet, répondit Chung.
- C'est bien alors, grogna Sami.
- Alors comme ça tu serais amoureux? Ma soeur m'a appris la nouvelle hier, tu es un vrai cachottier! dit Chung avec un air espiègle sur le visage.

"Traitresse" se dit Sami. Son estomac lui faisait mal, il en avait des sueurs froides.

- Comme ça notre célibataire endurci s'est fait attraper par cupidon, dit Madailéin en souriant. Bon, je vous laisse, je descends au sous-sol.

Chung la regarda et elle comprit. Elle s'approcha de lui et l'embrassa avant de les laisser seuls.

Un venin qu'il ne connaissait que trop, surtout ces derniers temps, se répandit dans ses veines. Celui qu'il redoutait, ça le rendait dingue et il l'était déjà assez, ça ajoutait douleur et suspicions. La jalousie, cette jalousie, Sami en était las de ce sentiment.

- Ça ne va pas? lui demanda Chung.
- Quoi? répondit-il en sursautant.
- T'es tout crispé. C'est elle qui te rend comme ça, dit-il en souriant.

Il eut un haut-le-cœur et écarquilla les yeux en le regardant; il savait. Il en était certain qu'il le savait. "Sa soeur a dû lui dire. Et pourquoi Madailéin est descendue? Elle le sait? Et pourquoi ce baiser devant moi, ce n'est pas dans les habitudes de Chung de faire ça! Ah putain! Je suis déjà mort" se dit-il.

- Qui? demanda-t-il, le souffle court.
- Ta nouvelle flamme! dit Chung en souriant.

Il ne réussit qu'à faire un rire étouffé.

- J'en avais marre d'être célibataire depuis quelques temps, alors je suis sorti, je l'ai rencontrée, et... Voilà.
- Un passe-temps? demanda Chung avec un rictus. Une nouvelle à ta liste? ajouta-t-il en riant.
- Euh non, je ne crois pas. répondit Sami. Mais bon... on verra, ajouta-t-il en riant à son tour.
- Je te retrouve, enfin! Tu sais que tu commençais à nous faire peur. dit Chung. Alors vous vous êtes embrassés. demanda-t-il après avoir bu une gorgée.
- Oui. répondit-il brièvement.
- Quand? demanda-t-il.
- Je ne sais plus trop. Elle a mal réagi, j'ai dû aller trop vite, mais elle plaisait vraiment. dit-il nerveusement.
- Elle a réagit comme Madailéin quand tu avais essayé, dit-il en souriant.
- Tu m'en veux encore pour ça? demanda Sami avec le coeur qui tentait de sortir de sa poitrine.
- Non, l'erreur est humaine. Mais si c'était le cas, je ne t'aurais pas laissé t'asseoir sur mon canapé, je t'aurais déjà tué! dit Chung en riant.

Chung lui donna une tape amicale dans le dos et se leva.

Sami avait les yeux dans le vide, en pensant amèrement à cette scène. Il soupira.

- Tu n'en avais pas parlé! dit Chung en reprenant sa place à côté de Sami.
- Parce qu'il n'y a rien à dire.
- Rien à dire? demanda Chung surpris.
- Je voulais attendre que ce soit officiel, dit Sami. On n'est pas amoureux. grogna-t-il. Moi je le suis, mais pas elle, du moins je ne le sais pas.

Sami soupira en songeant à quel point c'était vrai. Son cœur se déchira un peu plus.

Chung haussa les épaules.

- Pourquoi tu ne le lui demandes pas, tu seras fixé. Et tu ne ferais pas cette tête là.
Il soupira, le ventre plus noué que jamais.

Chung sourit, pas du tout dupe, un peu surpris.

Sami savait qu'il se posait un certain nombre de questions et il sentait son regard perçant sur lui.

Il sortit de ses pensées, lorsque Madailéin refit son apparition dans le salon. Elle s'était changée, elle portait une robe noire et elle avait attaché ses cheveux. Sami la regardait, il essayait de dévier son regard ou il essayait de faire comme il la regardait parce qu'elle était entrée subitement dans le salon. Il se ressaisit et il détourna rapidement le regard. Son coeur se vidait. "À cause d'elle. Elle que je ne pourrai jamais avoir parce qu'il y avait lui et 30 and d'amitié entre nous deux." pensa Sami.

- Je ne fais que passer. dit Madailéin.

Il jeta un coup d'oeil à Chung qui ne la regardait pas, mais la dévorait des yeux. Il ne lui prêtait pas beaucoup d'attention, mais ses yeux le trahissaient. Il ne put s'empêcher de la regarder lorsqu'elle repassait pour redescendre dans le sous-sol.

Chung le regarda avec un air surpris, puis dû remarquer son visage plus blanc qu'un linge parce que soudain son regard se fit assassin.

- Tu sais ce qu'est une chose de tellement belle qu'on n'aurait seulement pu la rêver et se l'imaginer ? Que le qualificatif, parfait, existe bel et bien et que ça résume exactement notre vie? demanda-t-il à Sami.
- Non, pas encore! dit Sami.
- Je te le souhaite, parce que c'est ce que je vis en ce moment. dit Chung.
- Ouais, dommage que vous soyez encore obligé de vous cacher! dit Sami avec une once de malice.
- Se cacher? Je dirais que nous devons être discret pour le moment! dit Chung, froidement.
- Tu es chanceux que Madailéin soit aussi compréhensive, dit Sami, aussi froidement.

Il se racla la gorge, un peu mal à l'aise. Chung lui lança un regard froid.

- Ne t'inquiète pas pour elle. fit Chung avec un regard glacial.

Le cellulaire de Chung vibra. Il répondit et l'appel fut bref. Il se leva et descendit au sous-sol. Il remonta et se dirigea vers son manteau.

- Désolé Sami, je dois me rendre à la boutique, il y a un petit problème avec mon nouvel employé. Ça te dérange si je te laisse pour quelques minutes? demanda Chung.
- Non, je vais me taper un film pendant ce temps.

Chung lui lança un regard et Sami comprit qu'il ne devait pas faire l'imbécile. Chung ouvrit la porte et sortit. Il l'entendit démarrer et sortir de la cour. Il se dit que ce serait le moment idéal pour lui parler, lui dire ce qu'il ressentait, qu'il serait plus distant avec elle pendant un certain temps. Il se rendit à l'entrée du sous-sol, prit une respiration et descendit lentement l'escalier.

****

Madailéin sursauta en entendant la porte du sous-sol s'ouvrir à nouveau.

Elle le considéra avec un mélange de stupeur et de colère. Elle sentait son regard pesant, et elle se rappela pourquoi elle lui en voulait.

Il s'approcha lentement d'elle, son regard toujours sur elle, la faisait le haïr davantage. Un silence plana quelques instants, pendant lequel elle lui rendait son regard avec toute la rage qu'elle éprouvait envers lui. Elle se leva et il la suivit du regard, un air amer sur les traits.

- Madailéin, je peux te parler, demanda Sami.
- Retourne au salon, tu pourras me parler quand Chung sera revenu. Tu n'as pas le droit de venir ici comme ça! dit-elle froidement.
- Le droit de quoi? De te parler? De t'embrasser? D'être jaloux? Je ne l'ai jamais eu, dit Sami furieusement.

Il lui lança un regard dur.

- Mais de quoi tu parles? dit-elle en se dirigeant vers l'escalier.

Il en avait déjà trop dit. Mais il était trop blessé pour le regretter.

- Je t'aime, Madailéin. Et ça me fait mal. dit Sami en secouant la tête, rongé par la douleur.
- Tu, quoi? dit-elle presque en colère.

Il fronça les sourcils, et détourna le regard, se passa la main dans ses cheveux.

Il puait la jalousie, et au lieu de se sentir flattée, elle se sentit rabaissée. Elle le considéra avec dégoût.

- Sincèrement tu me fais pitié. dit-elle.
- Tu crois vraiment que ça va m'arrêter? Tu me connais mal. dit Sami. Je veux juste te parler et tu es sur la défensive. Laisse-moi parler et ensuite, tu parleras, dit-il sévèrement.
- Pourquoi tu ne me lâches pas? dit Madailéin.

Il eut un sourire amer et laissa un silence avant de répondre.

- Parce que j'ai pas envie de te lâcher. dit Sami.
- Si Chung t'entendait (...)
- Chung, tu as juste ce nom dans la bouche! Merde t'en as pas assez d'être enfermée dans un placard? dit-il en s'approchant d'elle. Tu en as pas assez d'aimer un homme sans pouvoir le crier! cria Sami.
- Reste où tu es Sami, ne m'approche pas, dit-elle encore plus en colère.
- Sinon quoi? Tu vas me frapper? dit-il en riant.
- Je suis dingue de toi! cria-t-il à nouveau.
- Qu'est-ce que tu me sors là? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- L'abominable vérité. dit Sami.
- Comment tu peux dire ça? Chung est ton ami, tu n'as pas le droit d'agir comme ça! cria-t-elle.
- Pas le droit, pas le droit... Tu crois que j'ai choisi? Non, je n'ai pas choisi. cria-il.

Il ferma lentement les yeux et inspira. Tout se foutait en l'air. Tout lui échappait.

Elle se figea et lui lança un regard des plus rageurs.

Il la regarda en serrant les dents.

- Je déteste que tu sois avec lui, t'as pas idée à quel point ça me fait mal.
- Tu ferais mieux de remonter avant que Chung ne revienne. Je ne veux plus entendre tes conneries. Je ne t'aimerai jamais, tu m'entends, entre-toi ça dans le crâne, je suis amoureuse de Chung, pas de toi. cria-t-elle.

Son coeur se brisa en mille miettes.

- Où crois-tu qu'il est allé? Régler un problème à la boutique? Non, il est allé voir Zi, je le sais. Tu crois qu'à toi seule, tu pourras changer des milliers d'année de culture? Tu crois que ton amour y changera quelque chose? NON. Et un détail en passant, s'il t'aimait comme il te le dit, il ne te laisserait jamais seule avec moi, tout en sachant que j'avais déjà essayé de t'embrasser. Réveille-toi Madailéin.
- Pourquoi je te croirais?

Il la regarda à nouveau avec détermination.

- Je plaisante pas, Madailéin. Et tu vas faire quoi, quand il sera parti? Vous ferez l'amour par téléphone? C'est pathétique! s'énerva Sami.

Elle jeta sur lui un regard empli de haine et de rage.

- De quoi tu parles? demanda-t-elle surprise.
- Merde, tu crois qu'il va vraiment renoncer à son mariage avec Zi? Tu crois qu'il va renier sa culture pour toi? Pourquoi, il te garde cachée selon toi? Parce qu'il doit préparer le terrain avant de te faire rencontrer sa famille? Et tu crois à toutes ces conneries? Et cette foutue maison, il n'y a que Mai, Kido et moi qui sachons où elle se situe. cria-t-il en s'approchant d'elle encore plus près.
- Tu es malade Sami, tu as besoin d'aide, dit-elle.
- Ça se voit que tu ignorante face à sa culture, Madailéin. Sinon tu saurais qu'ils savent très bien mentir quand la situation l'exige. cria-t-il encore plus fort.
- Tu en fait partie de "sa" culture, toi aussi. dit-elle sans émotion.

Il y eut un court silence.

- T'es vraiment un hypocrite, Sami. dit-elle.

Il eut un rictus.

- Oui, mais moi, au moins, je l'avoue. Et j'en ai marre de me voiler la face. dit-il. Je t'ai tout dit, que ça me brise de voir que t'es avec lui, que j'ai des sentiments pour toi? Tout ça, c'est vrai. Je l'avoue.
- Parfait Sami, maintenant, j'aimerais que tu remontes et que tu me laisses tranquille. dit-elle en tentant aussi bien que mal de contenir une énorme colère.

Son regard changea, et devint soudain... autre chose. Elle ne l'avait jamais vu comme ça.

Elle n'eut pas le temps de déglutir qu'il s'était jeté sur elle, l'emprisonnant dans une étreinte serrée. Ses lèvres trouvèrent les siennes et il l'embrassa avec urgence, passion, et désespoir.

Elle tenta de le repousser, mais il la tenait fermement contre lui. Il lâcha son emprise et recula. Il baissa la tête et leva son regard sur elle. Des larmes coulaient sur ses joues.

- Va-t-en. cria Madailéin. Je veux plus jamais vivre ça. Je ne veux plus te voir. Tu m'entends? Ne me parle pas, ne me regarde même pas. Parce que je te jure que Chung va savoir ce que tu as fait. Et je m'en fous de ce qu'il pourrait t'arriver. dit-elle avec rage.

Il secoua la tête, évitant toujours son regard.

Il la poussa contre le mur et se colla contre elle.

- Pourquoi tu me repousses? Il ne pourra jamais t'aimer comme je t'aime. dit-il.

Il posa ses mains sur ses hanches.

- Lâche-moi! cria Madailéin. Lâche-moi!
- Je t'aime. Je suis amoureux de toi. Je t'aime tellement que je crève de jalousie à l'idée qu'il t'ait eu avant moi. Et t'es vraiment trop conne, si tu t'en es pas rendu compte. dit-il avec un regard noir.

Il essaya à nouveau de l'embrasser, mais elle mit toute ma force à tenter de le décoller d'elle, et détourna la tête.

Il inspira lentement.

- Si tu veux m'aider, fait-moi mal, très mal, pour que je ne puisse plus t'aimer, c'est tout ce que je te demande. murmura-t-il très bas. Mais, je ne suis pas un salop. Quand Chung te laissera, tu auras cent fois plus mal que moi, mais tu me trouveras à tes côtés.

****

Il était parti. Il s'était rendu compte qu'il avait fait une grosse connerie?

Soudain, elle entendit la voiture de Chung se stationner devant le garage. Il entra dans la maison et son estomac se contracta.

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Karole McDowell 2011 - (c) Toute reproduction est interdite sans l'autorisation de l'auteure.

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